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Flaubert

Michel Winock








  • Broché: 544 pages
  • Editeur : Gallimard (7 mars 2013)
  • Collection : NRF Biographies
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2070133486
  • ISBN-13: 978-2070133482






Avec une écriture très vivante (et c’est la moindre de qualités pour une biographie), Michel Winock nous rend très familier ce géant de la littérature française qu’est Flaubert, et nous fait découvrir …un sacré Gugus!
Allez, commençons par la rubrique people. Gustave, qui hait la vie plate et morne des bourgeois (ceux qui ont « un esprit bas »), ne se rallie pas à la cause commune : point de justes noces pour cet ermite normand (enfin pas tout le temps, on le verra). Il a eu certes des liaisons sérieuses, en particulier avec Louise Colet, et pendant huit ans, on le sait grâce aux correspondances, mais au cours de ces années, ils se sont rencontrés …quatre fois! et on ne peut accuser l’état des routes : le chemin de fer avait considérablement rapproché  Paris  de Rouen. Rebelote quelques années plus tard avec une jeune anglaise, Juliet. Et devinez les excuses fournies à ses belles : maman veut pas que je vienne!!!
Vie de reclus, disais-je, mais pas que : il partait quand même souvent à Paris pour faire la bamboche avec ses potes (Sainte-Beuve, les frères Goncourt, Théophile Gauthier…) et maman l’a laissé entreprendre un grand voyage avec son ami Maxime Ducamp, à une époque où l’orientalisme est particulièrement tendance. Il en reviendra profondément marqué, dans son âme (Salammbô en est une émanation) mais aussi dans son corps : il a grossi (les pâtisseries orientales semblent l’avoir conquis), a perdu ses cheveux et contracté une bonne vérole.

Le physique, parlons-en. C’était un beau mec, du moins avant l’escapade orientale. Grand (1,83 m, à une époque où les conscrits attteignaient en moyenne 1,66m), le regard langoureux, il avait du succès auprès des femmes. Par contre, la santé lui faisait défaut : ce que Sartre avait interprété avec une théorie freudienne à la c…comme les manifestations d’une névrose hystérique, et des histoires de maman et de papa, avait tous les caractères d’une épilepsie, dont les crises l’ont bien usé. Ajoutons à cela, la syphilis (le traitement par le mercure avait plus de chance de tuer le malade que le tréponème), une hygiène de vie que le PNNS réprouverait, Gustave avait peu de chance de faire de vieux os.

Quant à l’oeuvre, la lecture ne peut qu’en être modifiée, éclairée par cette biographie. Depuis l’enfance, l’écriture est pour Flaubert une nécessité. La question d’en faire son métier ne s’est même pas posée puisqu’il était rentier, et tant que des bévues familiales ne l’ont pas mené à la ruine, la question de la rémunération de ces écrits était plus une question de reconnaissance de sa valeur qu’une nécessité économique. 
C’est un bosseur, un perfectionniste, qui clame les passages qu’il a écrit et ré-écrit pour en apprécier la teneur, qui travaille la syntaxe, le lexique jusqu’à plus soif, et l’on comprend les discussions âpres avec ses éditeurs (il en a eu deux), qui lui demandent des corrections.
Ses romans ont à chaque fois déchainé les critiques. Si Zola et Sainte-Beuve ont été des fans fidèles, il en est d’autres qui l’ont bien éreinté : Barbey d’Aurevilly, en particulier, l’auteur des diaboliques, que je suis contente d’avoir, à ma modeste mesure, aussi éreinté sur ce site. Quant aux frères Goncourt, on en retiendra le côté faux-cul (et que je te félicite en public pour mieux te casser dans mon journal).

Inscrivons cette vie dans son contexte historique, très bien mis en pages, avec la guerre contre les prussiens, la Commune et l’époque de l’industrialisation, vues à l’aune des opinions de Flaubert, et on a là une mine d’informations passionnantes


Pour faire court, c’est un ouvrage indispensable pour les fans d’Emma Bovary, et le talent de l’auteur en fait de plus un très agréable moment de lecture.

Challenge Pavés 2015-2016




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