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Je me suis tue

Mathieu Ménégaux






  • Broché: 192 pages
  • Editeur : Grasset (1 avril 2015)
  • Collection : Littérature Française
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2246856124
  • ISBN-13: 978-2246856122











C’est court, concis et terriblement efficace. 

On le sait d’emblée : l’histoire de Claire se termine derrière les barreaux. Mais le lecteur est le seul confident de la jeune femme qui n’a jamais révélé ce qui aurait fait d’elle une victime plutôt qu’une coupable.

Quel fut son crime? C’est au terme d’une auto-analyse qui révèle peu à peu l’engrenage, le piège qui se referme autour de la jeune femme que l lecteur découvre l’inimaginable, l’impensable. C’est une descente aux enfers d’autant plus terrible que rien ne pouvait l’annoncer. Réussite sociale, amour, amitié, même l’absence d’enfant semblait être  un revers accepté.

Le récit est cours et la langue épurée. Le discours reste factuel, en ce sens que la narratrice ne cherche pas la connivence, ne se cherche pas d’excuse. elle énonce tout au plus quelques regrets, quelques « Si seulement », tout en restant distanciée par rapport à ces drames qui se sont succédés.

Le cheminement psychologique de Claire , que l’on a plus d’une fois envie de secouer pour qu’elle sorte de son mutisme, est très bien évoqué. C’est d’ailleurs une sorte de prouesse de la part de l’auteur  qui réussit à ce point à se glisser dans l’univers mental d’une femme. voilà qui remet en cause l’existence d’une plume sexuée. Sans connaître le nom de l’auteur, bien malin celui qui aurait pu imaginer qu’il s’agissait d’un homme.

Reste la question de la raison qui peut pousser cette femme à se murer dans un silence délétère. Le sacrifice inutile d’un être doublement innocent? La perte de tous ses repères? C’est en tous cas une motivation profonde et inéluctable , puisqu’il aurait suffit d’un mot, d’une simple décision, pour que le destin bascule, et ceci à plusieurs reprises.


Difficile de rester indifférent face à cette violence contenue, transcrite avec une économie de mots savamment étudiée, qui en fait une lecture marquante à long terme.




Vinrent les discussions sur le prénom.(...) Je voulais Jean. Il voulait Mathieu. Nous avons choisi Pierre, ensemble. Une solution qui donnait à chacun le sentiment d'avoir laissé de côté son propre ego et de s'être "sacrifié" au bénéfice d'une cause supérieure, de cette entité qu'on appelle le couple

*

Belle liberté que celle de travailler toujours plus, de progresser, de gravir les échelons plus vite que les autres, pour s'écrouler le soir devant une série américaine. Nous perdions notre vie à la gagner.

*

Avec moi sont enfermées une centaine de prévenues, mais je suis seule. Très seule. Cette solitude, si dure et si rude, qu’on peut la toucher. Seule et folle. Qui pour me comprendre ? Personne. Qui pour me pardonner ? Personne. Qui pour me juger ? Toutes et tous.



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