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La nature des choses

Charlotte Wood







  • Broché: 288 pages
  • Editeur : Le Masque (6 septembre 2017)
  • Collection : Grands Formats
  • Langue : Français
  • Traduction (Anglais) : Sabine Porte
  • ISBN-10: 2702448534
  • ISBN-13: 978-2702448533










Comment peut-on se retrouver en huis clos dans un espace totalement ouvert? En étant confiné dans le bush australien, dans des locaux désaffectés, en compagnie de deux geôliers aussi piégés que leurs captives tandis que la clôture électrique calme les velléités d’évasion.

Qui sont-elles ces jeunes femmes et pourquoi sont-elles là? Le mystère n’est pas entièrement éclairci, car ce ne n’est pas le but du récit. On sait vaguement qu’elles ont été impliquées dans des histoires de scandale sexuel, mais pourquoi les avoir rassemblées et qui est à l’origine de leur rapt, on n’en sait rien et on s’en fiche un peu.

L’essentiel est ce qui va se produire et évoluer dans les relations entre les prisonnières et avec leurs gardes. D’autant que les conditions de détention sont extrêmement spartiates. La période de réclusion se prolonge jusqu’à ce que la réserve des maigres denrées plus ou moins périmées s’épuise. C’est l’occasion d’un glissement des rapports de force dans le groupe de reclus.

On n’est pas loin des romans de Robert Merle, comme L’île ou Malvevil, qui témoignent de ce qui se met en place dans une communauté humaine confrontée à la lutte pour sa survie. Les personnalités se dévoilent , évoluent au gré des difficultés rencontrées, et bien vite à chaque fois les conflits surgissent

Ici l’auteur s’attache plus particulièrement à l’évolution individuelle de deux des jeunes femmes, que cette expérience va profondément transformer.

C’est assez rude : les détails sur l’évolution physique des prisonnières, dépourvues de toute possibilité d'hygiène minimale, ne nous sont pas épargnés. On rêve pour elle d’une douche et d’un peigne et on imagine le luxe que pourrait constituer un tube de dentifrice! La violence des geôliers n’a pas de limite. Autant dire que ce n’est pas une lecture apaisante, pas du tout un roman feel-good. On est confronté à ce que la nature humaine peut engendrer de pire.

C’est une lecture marquante, difficile à oublier, avec comme effet secondaire de vous dissuader de manger du lapin pour le reste de vos jours.

Merci à Babelio et aux Editions du Masque pour leur confiance.



D’une voix enrouée qui résonne au creux de ses oreilles, elle s’entend dire : J'ai besoin de savoir où je suis. L’homme se tient là, grand et étroit d’épaules, la main toujours sur la poignée, surpris. Le ton presque compatissant, il répond : t'as surtout besoin de savoir ce que t’es, ma belle.

*

Boncer se remet à murmure avec Teddy.
Puis, dans un souffle : "C'est de la téléréalité."
C'est Hetty, la fille du cardinal au bras brûlé qui a parlé. Les coiffes pivotent. Le silence se prolonge.
Elle chuchote de nouveau : "Comme Bachelor, mais en plus pointu."
Sa soeur travaille à Channel Ten. La gagnante remporte deux cent mille dollars

*

On peut amener le cheval à l'abreuvoir mais pas le forcer à boire. On peut amener une pute à la culture, mais pas la forcer à réfléchir.




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