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Le monde selon Britt-Marie

Fredrick Backman






  • Broché: 400 pages
  • Editeur : Fayard/Mazarine (28 mars 2018)
  • Collection : Romans
  • Langue : Français
  • Traduction (Suédois) : Laurence Mennerich















C’est un monde particulier, original, témoin de blessures profondément enfouies dont les cicatrices ont façonnées un décor que l’on pourrait croire figé. Car elle a un sens personnel de ce qui se fait, de ce qui se dit, selon des critères que lui ont dictés  tous ceux auprès desquels elle s’est construite, tant bien que mal. Lorsqu’on sait depuis toujours qu’on est un élément de peu de valeur, on s’applique, non pas à démontrer le contraire, mais à utiliser les recettes  qui minimisent le déficit d’image. 

« On ne change pas si simplement la façon de Britt-Marie de voir le monde »

Mais voilà, la vie peut parfois vous faire signe et tant pis si cela sort des règles que Britt-Marie suit à la lettre : le mari infidèle , on le quitte et l’on tente de se dépatouiller dans un univers que l’on utilise comme il se doit. L’indépendance soudaine ne doit pas rimer avec la débandade des conduites. 

« Sache que tu n’es pas le seul à mener une vie débridée. J’ai fumé plusieurs cigarettes dans ma jeunesse »

C’est ainsi que Britt-Marie, sexagénaire, se retrouve gardienne d’une improbable MJC dans un improbable village que la « crise »  a laissé exsangue, entourée par des fans de foot.

Chaque personnage est un miracle. Et La détermination de l’héroïne bouleverse tout ce petit monde, alors que peu à peu son univers étriqué s’ouvre telle une plante au feuillage ingrat qui révèlerait la plus extraordinaire des fleurs.

L’auteur de Vieux Raleur et suicidaire a le sens de la formule et l’art de tourner à la dérision bienveillante des situations  inconfortables pour les concernés : 

« quelqu’un avait expliqué de son mieux, les yeux fermés, son pull recouvert de nourriture qui n’avait pas réussi à monter jusqu’à sa bouche ou bien en était ressortie pour une raison ou une autre, qu’elle était trop « bourrée » pour rentrer chez elle la veille. »

Et derrière ces portraits d’êtres en difficulté, on perçoit une grande tendresse et une immense appétence pour la communion des coeurs

« Parce que la vie est plus que les chaussures dans lesquelles on marche, plus que la personne qu’on est. Ce sont les liens. Les fragments de soi dans le coeur d’une autre personne. »

Et par la magie de l’écriture, ce petit groupe de laissés pour compte, devient une fantastique entreprise de réhabilitation des corps et des âmes. Impossible de faire l’impasse sur les émotions que suscitent les aventures des habitants de Borg.


Pour un peu on irait acheter du bicarbonate et on se passionnerait pour le foot (anglais, bien sûr)!




La solitude est du gaspillage, pour les rats comme pour les hommes. Mais sa raison lui avait interdit de se mêler de la vie sociale du rongeur

*

Quelqu'un avait expliqué de son mieux, les yeux fermés, son pull recouvert de nourriture qui n'avait pas réussi à atteindre sa bouche, ou bien en était ressortie pour une raison ou pour une autre, qu'elle était trop "bourrée" pour rentrer chez elle la veille.

*

Parce que la vie est plus que les chaussures dans lesquelles on marche, plus que la personne qu'on est. Ce sont les liens, les fragments de soi dans le coeur des autres.

*

sache que tu n'es pas le seul à mener une vie débridée. J'ai fumé plusieurs cigarettes dans ma jeunesse.





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