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La fortune des Rougon

Emile Zola








  • Poche: 475 pages
  • Editeur : Le Livre de Poche (25 février 2004)
  • Collection : Classiques








Même un chemin de mille lieues commence par un pas : la saga des Rougon-Macquart s’attaque donc par le premier tome, La Fortune des bougon. Et c’est d’emblée un coup de coeur. L’histoire de cette dynastie démarre dans un contexte politique troublé, , alors que des insurgés, sans gilets jaunes (la matière et la couleur n’a pas encore été inventée), et sans rond-point à bloquer, se lancent sur les routes armés de fourches et de pétoires, afin de s’opposer au coup d’état du 2 décembre 1851, alors que Louis Napoléon a décidé de renverser la république.
Pierre Rougon, fils d’Adélaïde, jeune femme handicapée par une épilepsie sévère, toise de tout son mépris ses deux frères et soeurs, nés après la mort de son père,  du braconnier Macquart. Ses origines modestes n’empêchent pas Pierre de voir grand,. Sa roublardise et son opportunisme le conduiront à une ascension sociale inespérée, bien aidé par les événements historiques en cours.

C’est aussi l’histoire  d’un amour juvénile attendrissant, bien que voué à une fin funeste. On ne reverra pas Miette et Silvère, victimes  des émeutes.

Tout l’art de l’écrivain, se retrouve sans ce premier opus de la saga : portraits à la fois précis et romantique des personnages, descriptions sublimes des paysages, analyse fine du contexte, contribuent au plaisir de la lecture. 

Tout est en place pour suivre la destinée des Rougon, des Macquart et des Mouret. 



Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d'être, se comporte dans une société, en s'épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus, qui paraissent au premier coup d'oeil, profondément dissemblables, mais que l'analyse montre intimement liés les uns aux autres.

*

Adélaïde était restée la grande fille étrange qui passait à quinze pour une sauvage ; non pas qu'elle fut folle, ainsi que le prétendaient les gens du faubourg, mais il y avait en elle un manque d'équilibre entre le sang et les nerfs, une sorte de détraquement du cerveau et du coeur, qui la faisait vivre en dehors de la vie ordinaire, autrement que tout le monde.

*

Chez Silvère, les bribes de savoir volé ne firent qu'accroitre les exaltations généreuses. Il eut conscience des horizons qui lui restaient fermés. Il se fit une sainte idée des ces choses qu'il n'arrivait pas à toucher de la main, et il vécut dans une profonde et innocente religion des grandes pensées et des grands mots vers lesquelles il se haussait, sans toujours les comprendre. Ce fut un naïf, un naïf sublime, resté sur le seuil du temple, à genoux devant des cierges qu'il prenait de loin pour des étoiles.





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