- Broché: 208 pages
- Editeur : LIANA LEVI (27 août 2015)
- Collection : LITTERATUR
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Ils s’appellent Mirko et Simona. Leur passé les rejoint parfois, au coeur de la nuit, envahis par des scènes de violence, celles-là même qui les a contraint à partir, partir d’une région où l’on ne cherche plus à vivre mais à survivre, avec la peur permanente accrochée aux tripes. L’Italie, puis la France. Lyon. Dans une précarité totale : logements provisoires, travail épisodique, lutte pour comprendre et se faire comprendre, incertitudes… Si Simona joue le jeu de l’intégration, luttant jour après jour pour effacer l’identité révélée dans une prononciation approximative, Mirko exorcise ses fantômes sur des terrains vagues, armé de couleurs et signifiant son existence dans un paraphe revendiqué.
C’est avec une grande délicatesse et un art de sublimer l’infortune que Paola Pigani nous fait partager le quotidien de ces deux immigrés kosovars, qui pourraient être originaires de biens d‘autres contrées mises à feu et à sang, condamnant leur peuple à fuir pour ne plus jamais se sentir chez soi.
Perte des illusions, patience infinie et peut-être vaine, ou trait sur l’histoire, chacun lutte avec ses ressources.
L’auteur épingle aussi le mépris et l’amalgame, l’inconstance de la compassion qui varie avec l’accoutumance, les absurdités d’un système empirique, qui subit ce qui était prévisible depuis longtemps et qu’aucun nationalisme ne pourra ignorer.
La plume est subtile, tout en nuance, et aborde ce sujet délicat avec pudeur mais détermination.
Une belle découverte . Merci Joëlle.
Sa vie s'organise, se décide, s'oriente. Tout est rationnel, intentionnel. Ne pas laisser de place au hasard, aux regrets. Ranger sa mémoire. Ne garder de la jeunesse que le velouté de la peau sur les joues, l'envie de chanter. Avoir ses habitudes, ses préférences dans la ville pour s'amuser, manger, marcher, dépenser. Le pain ici, le chagrin là.
*
En peu de temps, elle avait appris à trier les mots du passé et ceux du présent, raconté son histoire, celé de Mirko, presque la même, sauf les cicatrices aux mains et dans la tête. Elle atout fait pour qu'on instruise leur dossier, donné les éléments concrets, toutes les étapes de leur parcours, les choses les plus dégueulasses.. Elle n'avait pas conscience de la vulgarité de l'expression.
*
Simona se demande souvent quand ils vont sortir la langue de leur Bescherelle. elle qui se laisse porter par la ligne mélodique d'une phrase, le rythme des mots à trois syllabes, leur sérieux la dépasse. Elle voudrait de la joie en leçon, en bâtons, en paquets de douze, de vingt-quatre heures pour chaque jour. Elle veut penser français, rêver français, chanter français.
Paola Pigani est une auteure française née en Charente.Domiciliée à Lyon, éducatrice de jeunes enfants, Paola Pigani est née en 1963 de parents italiens émigrés en terres charentaises. Son enfance au milieu d'une famille nombreuse et l'apprentissage du silence, de la contemplation et de la lecture avec une aïeule d'origine slovène, la préparent à la découverte de l'écriture poétique. Pendant ses huit années de pensionnat, elle lit, à la lueur d'une lampe de poche, Cocteau, Rimbaud, Kafka, Rilke, Le Clezio, Pavese... Des lieux de son enfance, de ses voyages en Italie, dans les pays de l'Est, au Canada et des villes de France où elle a habité, elle a gardé en tête un vivier d'images qui viennent s'insinuer dans son écriture à des moments inattendus. Depuis une vingtaine d'années, elle partage son temps entre le monde de l'enfance et l'écriture.
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