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Le club des enfants perdus ⭐️⭐️⭐️⭐️

 

 Rebecca Lighieri












Un couple libre et flamboyant. Leur fille est d’une fadeur qui pourrait les désespérer. Mais la mère est trop préoccupée par ses propres ambitions pour se sentir redevable d’une quelconque attention pour cette enfant insignifiante. Le père est là, présent, mais impuissant lui aussi, et si aveugle …Lorsque la jeune fille devient la narratrice, il faut s’attendre à quelques surprises !


Ce roman est une claque. Rebecca Lighieri semble surfer sur cette vague qui consiste à asséner à son lecteur un choc. Des propos qui peuvent être dérangeants, mais qui pourtant nous retiennent, prisonniers de cette attraction dont sont responsables les personnages qui portent haut les couleurs de l’excès.


Addiction forte donc, dès les premières lignes, pour ce couple d’acteurs, dont on découvrira peu à  peu l’histoire, et là encore le décor se modifie au fil des chapitres, révélant de sombres origines, qui peuvent expliquer bien des déviances. 


Bien entendu, on se doute que Miranda n’est pas qui elle prétend être, mais les révélations sont au-delà des rêves les plus fous du lecteur.


Réalisme magique porté par une très belle prose, le talent de l’autrice n’est plus à confirmer .



515 pages POL 22 août 2024







La plupart des gens sont convaincus d'être plus vivants que les autres. C'est cette conviction qui leur permet de ne pas être dévastés à la pensée des guerres, des famines, des séismes ou des épidémies.

Rebecca Lighieri



Rebecca Lighieri est le pseudonyme de l'écrivaine Emmanuelle Bayamack-Tam. Elle est née en 1966 et enseigne le français dans un lycée de la banlieue parisienne.


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Il est des hommes qui se perdront toujours 


La treizième heure (Emmanuelle Bayamack-Tam)




Le silence de la joie ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Christopher Laquieze 











Un peu de philo, ça ne peut pas faire de mal ! Surtout quand la leçon est administrée en douceur par Christopher Laquieze !


A partir d’une actualisation des données en fonction des connaissances neuro-scientifiques, nous sommes conviés à réfléchir sur le fonctionnement de nos affects, de notre mémoire et de notre imagination, autrement dit de ce qui construit notre individualité. Nous sommes une synthèse de nos acquisitions progressives, de connaissances, de ressentis, même si notre mémoire en particulier, facteur important de l’image que nous avons de nous même est un piètre témoin, se ré-inventant à l’envi, en toute bonne foi !


Tout en se référant aux grands noms de la littérature et de la philosophie, Nietzsche, Pascal, Montaigne, camus et bien d’autre nous cheminons peu à peu vers l’art de la joie, à bien distinguer du bonheur ou du plaisir. 



Un parcours enchanté et riche, écrit de façon tout à fait abordable, même si parfois le manque de pratique du raisonnement logique nécessite un peu de concentration au lecteur pour qui plusieurs décennies ont passé depuis ses dernières dissertations.



Un grand merci à Babelio et aux éditions GuyTrédaniel pour ce service de presse, qui m’a fait sorti de ma zone de confort. 


280 pages Guy Trédaniel 12 septembre 2024

Masse critique Babelio 







Jetés dans le monde comment on jette un mégot de cigarette, nous voilà, humains, devant la nécessité de vivre, face à un monde indifférent à nos désirs, avec pour seule certitude notre condamnation à mort.


*


Voici le paradoxe qui constitue notre existence : chercher un sens dans un univers qui ne présente aucune garantie de logique ou de finalité, tout en étant confronté à des réalités tragiques qui mettent en évidence notre finitude et nos limites.


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La mémoire, en tant que faculté, fondamentale de l'esprit humain, joue un rôle crucial dans notre compréhension et notre interaction avec le monde réel ; elle est le socle sur lequel se construit notre perception du monde, un puits sans fond de souvenirs, d'émotions et d'expériences qui façonnent notre identité même.


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Demander au monde d'être le contenant d'un mystère caché que nous devons déceler pour mieux accepter la vie est une illusion. Le monde ne détient rien, nous détenons ce que nous voulons faire de lui.


Christopher Laquieze


Christophe Laquièze est écrivain et philosophe (ATOPOS). Ayant réussi à capter l’intérêt de centaines de milliers de personnes pour la littérature et la philosophie sur les réseaux sociaux, il se distingue par son style d’écriture tranchant et unique. Avec un parcours atypique et une passion débordante, l’auteur a su se faire une place remarquée dans le monde de la philosophie par son originalité et ses connaissances.


Fort Alamo ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Fabrice Caro












Comme d’habitude, beaucoup de sourires et même un fou-rire ! L’humour de Fabrice Caro est fait pour moi, sans aucun doute, et je ne m’en lasse pas.


Le héros est forgé dans le moule des personnages qui ont déjà peuplé les romans de  l’auteur. Un type ordinaire, peu sûr de lui, encombré de doutes et souvent agacé sans oser manifester sa réprobation dans des situations aussi banales que qu’universelles. Mais voilà , lorsqu’il peste in petto, il semble se produire des conséquences terribles sur l’objet de ses récriminations muettes. Une hécatombe…


C’est court mais réjouissant et il est si rare de pouvoir rire de bon coeur dans la littérature contemporaine. 


192 pages Gallimard 3 octobre 2024







Que devient un enfant éduqué à la cuisse de poulet acquise ? Il vide la maison de sa mère, il parle, taxe foncière et humidité des murs, les souvenirs d'enfance lui sont coréens.


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Il a touillé son café avant même d'y mettre son sucre, les yeux plongés dans sa tasse, son impassibilité affectée hurlant victoire. Il agitait sa cuillère en silence, pendant que dans sa tête, des danseuses du Crazy Horse effectuaient un numéro de french cancan, des milliers de paillettes scintillantes se déversaient dans son café sans sucre.


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Comme tous les ans, ma belle-mère allait m'offrir le Goncourt. Je n'en avais pas lu un seul. Et tous les ans, elle me demandait ce que j'avais pensé du précédent, et tous les ans, je répondais que j'ai beaucoup aimé, c'est traité avec beaucoup de finesse et de psychologie, et puis ça dit beaucoup de notre société, je trouve. Et tous les ans elle concluait, j'étais sûre que ça vous plairait, ce qui me confirmait qu'elle ne les lisait pas non plus.

Fabcaro



Né en 1973, Fabrice Caro, dit Fabcaro, est un auteur de bandes dessinées, également romancier et musicien français.


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Le discours 


Broadway


Journal d’un scénario 


Figurec


L'âge du capitaine ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Isabelle Aupy  











Où il est question d’un vaisseau, d’un rafiot plutôt, un édifice brinquebalant, que les équipes successives ont rafistolé pour qu’il tienne la mer, mais avec des projets à court terme, de ceux qui alourdissent le chargement sans améliorer le fonctionnement. Et pourtant, les petites mains qui veillent au grain, celles qui connaissent mieux que quiconque les faiblesses et les changements de cap nécessaires pour que le voyage ait lieu. Jusqu’à quand ? 


Une belle métaphore pour illustrer les absurdités du monde du travail, et les incuries d’un management qui ne connait rien au terrain.


Avec une bande de personnages hauts en couleur, l’histoire est tellement familière. Et l’issue aussi inquiétante que prévisible ! 


On soulignera le travail de la langue, qui transparait dans des dialogues vivants et drôles. 


C’est court et efficace.


Une fable maligne et spirituelle, écrite avec beaucoup de savoir-faire, un coup de coeur !


128 pages Panseur 24 septembre 2024







N'ayant ni la nationalité, ni le bon drapeau sur son diplôme, le ministère avait trouvé comme solution de lui offrir un statut spécifique de « faisant fonction ». Terminologie intéressante qui ce n'est comme « un cul entre deux chaises bancales», du moins, selon le mot de Fatima. Car ce grade à part de « faisant fonction », s'accompagnait tout naturellement d'un salaire, à part lui aussi, « faisant fonction de salaire », comme elle disait, et qui avait légèrement fondu dans la manoeuvre.


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Y avait pas à dire, pour Momo, les jeunes, c'était plus que c'était ! Ce qui constitue un des premiers symptômes de la transformation en ce qu'on appelle communément : « un vieux con ».


Isabelle Aupy



Isabelle Aupy, 35 ans, est kinésithérapeute à Bordeaux. L’âge du capitaine est son second roman .


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L’homme qui n’aimait plus les chats


Ce que la vie a de plus beau ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Ismaël Khelifa 











Dans un somptueux décor dont on sait la fragilité, nous faisons connaissances avec le personnage principal de ce roman, un photographe de renom, dont l’habileté lui vaut d’être reconnu par ses pairs. Mais sans crier gare, un événement inattendu vient bousculer le cours de sa vie, au point de revoir tous ses projets à court et long terme. C’est ainsi que nous l’accompagnerons dans un périple en tête à tête avec un jeune homme qu’il devra apprendre à connaître.


Avec un style plein de fougue, qui reflète bien les questionnements du narrateur, Ismaël Khelifa développe le thème de la paternité, de la filiation, ici d’autant plus particulière qu’elle est inattendue. 


Rien n’est laissé au hasard, et pourtant aucune sensation d’artifice dans ce récit d’apprentissage, où les deux protagonistes sont concernés par la nouveauté et la nécessité de réévaluer ses certitudes. 


L’auteur nous offre de plus un voyage superbe sur des lieux préservés, au moins pour un temps.


Un très beau roman sur le lien père fils.



344 pages Les Escales 17 octobre 2024







Les enfants n'ont pas besoin de grandes promesses intenables. Mais d'adultes crédibles qui font ce qu'ils disent.


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Je suis fan de Brassens. C'est une drogue dure chez les vieux profs de français.


 

Ismaël Khelifa


Ismaël Khelifa est auteur, journaliste, co-scénariste et guide dans les régions polaires. Ce que le vie a de plus beau est son premier roman.


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