- Broché: 279 pages
- Editeur : Allary (3 janvier 2019)
- Langue : Français
Lorsque son éditrice demande à la narratrice de prévoir une dédicace, ultime étape avant la publication de son roman, un profond désarroi s’installe en elle. Et le monde entier, ou plutôt le microcosme dans lequel elle évolue, devient un paysage nouveau vu à travers le prisme de cet impératif incongru. C’est ainsi que défilent une galerie de portraits tendres, délicats et souvent drôles de la famille, des amis, ou des voisins , quand ce ne sont pas des inconnus.
Que ce soit sur son palier, dans le hall de son immeuble, dans un vernissage d’art contemporain ou au salon du livre de Brives la gaillarde, c’est avec un regard sans complaisance mais jamais amer que celle qui considère comme une marque de reconnaissance d’être appelée par son prénom et qui se languit derrière un téléphone qui ne vibre jamais, dresse un portrait en demi teinte des solitudes urbaines.
La quête d’une dédicace est un prétexte à épingler les travers de notre société contemporaine mais l’auteur manie l’auto dérision avec adresse , de telle sorte que l’on reste avec une impression de légèreté plutôt que de déprime.
Malgré quelques imperfections dans l’écriture , ce premier roman tout en sensibilité est une réussite, et plaisant à lire, tout en gardant à l’esprit que derrière l’humour se cache parfois les tourments anciens que les adultes ont relégués au chapitre des enfantillages et enfouis sous des attitudes conventionnelles policées.
#LaDedicace #NetGalleyFrance
Elle avait ri en penchant légèrement la tête, quelque peu troublée, avant de me dire que le fusil de Tchekhov n'était pas un livre mais un procédé littéraire. Mais qu'est ce que ça pouvait bien me faire? Je m'étais tue. puis elle m'avait demandé : "pourquoi vous écrivez, vous?", et je n'ai pas aimé la manière dont elle avait dit "vous", comme s'il y avait d'autre gens qui existaient.
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J'habite un immeuble sans charme, perdu dans le nord de Paris. Parfois, si je tends l'oreille, je parviens à entendre de loin les voitures qui circulent sur le périphérique et, avec un brin d'imagination , on dirait le ressac de la mer. Mon studio se trouve juste au dessus du square Léon-Serpollet, ce qui veut dire que la journée il grouille d'enfants et le soir de clochards. Dans les deux cas, j'ai une vue imprenable sur des êtres qui titubent et n'ont pas choisi leur vie.
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J'avais moins de soixante-douze heures pour trouver dans cette ville barbare quelqu'un que j'aimais. Autant dire qu'à Paris, j'aurais plus vite fait d'attraper des chlamydiae.
Leïla Bouherrafa a 29 ans. Elle enseigne le français dans une association qui accueille de jeunes réfugiés. La dédicace est son premier roman. (Source : Edictions Allary)
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