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Tout est possible

Elisabeth Strout








  • Broché: 304 pages
  • Editeur : Fayard (17 octobre 2018)
  • Collection : Littérature étrangère
  • Existe en version numérique 
  • Langue : Français
  • Traduction (Anglais) : Pierre Brévignon










Les recueils de nouvelles n’ont pas toujours la cote de ce côté de l’Atlantique. Il faut dire que le genre est hétéroclite. Les longues qui flirtent avec le court roman, les courtes voire très courtes comme Microfictions d’Auffret. Celles qui semblent être un brouillon de roman, une ébauche non aboutie, ou celles qui sont pleines de leur intrigue. Celles qui ont une chute qui fait tout le job. ou celles qui sont des miscellanées plus ou moins guidées par un thème. Et même parfois une simple juxtaposition de textes sans relation les uns avec les autres.


Ici, Elisabeth Strout fait preuve de malice. Après un prix Pulitzer pour Olive Kitteridge, puis un roman à succès avec Je m’appelle Lucy Barton, elle met en scène dans chaque nouvelle, un personnage qui gravite autour de l’héroïne de son roman précédent, apportant  à chaque étape un élément du puzzle, et July Barton qui apparaît systématiquement au détour d’un paragraphe, comme une personnage clé, qui a tenu un rôle dans la vie de des héros d’un chapitre.

.Si chaque texte peut se lire de façon indépendante, constituant une tranche de vie dont on peut tirer quelques conclusions socio-philosophiques, on peut  juste se laisser porter par ces portraits en demi-teintes de personnages bien ancrés dans la vie contemporaine des États Unis. Mais la réunion de ces chapitres apporte plus : elle comble les non-dits, complète la biographie de chaque personnage et donne tout son sens au recueil.


Écriture classique du roman américain , très agréable à lire. 



C’est sa solitude qui est parfaite. Un avocat qui a beaucoup de clients n’est jamais à la maison. Elle aime ses enfants, mais toutes les corvées maternelles lui pèsent. La nounou et la femme de ménage lui tapent sur les nerfs, et le mari ne veut pas en entendre parler – raison pour laquelle elle n’aime plus partager le même lit que lui, c’est devenu une autre corvée. Elle contemple l’existence qui lui reste à mener et elle se demande : « Bon sang, qu’est-ce que c’est que ce truc ? »
Ses enfants vont grandir, elle va se retrouver à Déprimeville, s’acheter un nouveau bracelet, une nouvelle paire de chaussures, et ça lui fera peut-être du bien pendant cinq minutes, mais l’angoisse finira par prendre le dessus, elle passera au valium et aux antidépresseurs parce que la société drogue les femmes depuis toujours…

*

– Papa, avait-elle demandé soudain, c’est quoi, la chose la plus importante pour toi ?
– Vous, bien sûr.
Il continuait de marcher d’un bon pas.
– Ma famille.
Sa réponse était claire, immédiate.
– Et maman ?
– Ta mère par-dessus tout.
La joie s’était répandue autour d’elle et, dans son souvenir, il en avait été ainsi pendant des années. Le retour à pied à la maison, le trajet sur la route, sa main dans la main de son père, le spectacle apaisant des champs qui scintillent, les arbres qui s’assombrissent, prennent une teinte vert-bleu, le soleil laiteux couleur de neige.






Elizabeth Strout, née le 6 janvier 1956 à Portland dans le Maine, est une romancière américaine. Elle a reçu le Prix Pulitzer 2009 pour Olive Kitteridge. 

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