- Broché: 265 pages
- Editeur : Buchet-Chastel (15 août 2019)
- Collection : LITT FRANCAISE
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Tableau d’une époque révolue, dans un monde en pleine mutation, alors que mai 68 n’a pas encore réussi à faire disparaître le ronron de l’enseignement : les pédagogies nouvelles font hurler au fou ceux qui tirent encore les oreilles ou font agenouiller les cancres sur des règles métalliques.
C’est en effet au sein d’une petite communauté de profs, contraints au voisinage imposé par les logements de fonction qu’une petite bande de garçons vit sa vie, comme un entrainement pour la future vraie vie, chacun endossant un costume qui ne lui convient pas toujours : on distingue les futurs chefs, les éternels soumis, les dépressifs , qui s’affrontent dans des querelles vaines.
Entre les adultes, les jeux sont plus dangereux : infidélité, commérages, lutte de pouvoir…
Cette chronique des années 70 est réjouissante, riche d ‘événements et de traditions oubliées. Mais c’est aussi une fine analyse des processus évolutifs d’une société qui sort de son ankylose, avec une jeunesse prête à bousculer les codes et décidés à prendre le relais de leurs ainés qui ont cherché la plage sous les pavés, pour se saisir des armes qui leur donneront l’illusion d’un pouvoir sur la marche de l’histoire.
C’est écrit à la façon d’un documentaire, que les personnages qui défilent rend vivant.
On ne s’y ennuie pas une minute, et surtout sans doute quand on a vécu cette période à l’âge qu’ont les enfants de la Grande Escapade.
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Il est suspendu à une douzaine de mètres du sol, les mains agrippées à la corniche qui court tout le long du grenier du groupe scolaire, ses amis lui jettent des regards anxieux depuis la lucarne derrière laquelle ils se sont réfugiés et sa mère est en train de piquer une crise de nerfs en contrebas tandis que le camion des pompiers arrive toutes sirènes hurlantes, couvrant la voix du chanteur français d’origine batave qui s’échappe par la fenêtre de la cuisine de Nicole Desplanques et prie qu’une dénommée Vanina ne le laisse pas seul au monde.
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Le clou de ce menu à venir, comme d’habitude, c’est le dessert. Il règne entre toutes les femmes de France une sorte de compétition amicale pouvant virer à l’aigre autour de la pâtisserie. Les épouses ont appris de leurs mères que l’on ne garde un homme que par le sexe ou la cuisine et, l’âge et l’habitude aidant, elles se sont toutes tournées vers la confection de gâteaux plus ou moins compliqués qui, s’ils ont le défaut d’empâter encore leurs maris dont les ventres se mettent à gonfler autour de la quarantaine, ont du moins la vertu de les faire fondre mentalement – ils deviennent, à la fin du repas, de molles marionnettes faciles à manipuler.
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Christian se reconcentre. C’est son problème, parfois. Quand ses interlocuteurs se mettent à soliloquer, il suit le cours de ses propres pensées et dérive, sans cesser un instant de darder son regard sur celui ou celle qui parle et de hocher la tête à intervalles réguliers. Les instituteurs l’adorent. Il représente l’élève idéal, silencieux, obéissant et respectueux. Christian est le seul à savoir que le portrait qu’on dresse de lui est très loin de la réalité.
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