- Broché: 432 pages
- Editeur : La Découverte (27 mars 2014)
- Collection : Poches littérature
- Existe en version numérique
- Langue : Français
L’art du voyage : rien à voir avec les migrations tarifées et édulcorées pour visiter des points de vue célèbres ou même leur fac-simile, ou parcourir les mers sur des buildings flottants au rythme d’étapes express. Lorsque Thierry et Nicolas prennent la route, c’est avec rien dans les poches et au volant d’un véhicule minimaliste, tant dans ses dimensions qui lui valent le sobriquet de pot de yaourt, que dans sa conception : aucune électronique, un moteur de base, quatre roues et hop, en route pour l’aventure.
Départ de Suisse, en visant l’Inde. Mais le but du chemin est justement le chemin lui-même, les rencontres qu’il suscite, au fil des étapes improvisées : pas de bons d’échange, tout au plus parfois une recommandation plus ou moins crédible. La météo et l’état des routes commandent le processus.
Le regard est sans jugement, quelles que soient les difficultés rencontrées, hébergement de cauchemar, intoxication alimentaire, déshydratation et même blessures sérieuses, sont décrites comme des aléas, qui ne les feront pas renoncer.
Un tel périple n’est plus envisageable. Le voyageur a évolué, même l’aventure se dote d’équipements technologiques censés assurer la sécurité. Rares seront les villages qui ne seront pas reliés au reste du monde. Et la politique des trente dernières années fait oublier toute idée de sinécure.
C’est ce qui fait la rareté et la richesse de ce récit, d’un autre temps, d’un autre rapport au monde.
Et curieusement, l’arrivée en Afghanistan marque une rupture dans le style serein du narrateur, qui pique un coup de gueule enragé contre…mais je vous laisse le découvrir. C’est suffisamment drôle pour en préserver la surprise.
C’est un récit indispensable, qui nous fait mesurer l évolution de notre monde dans les cinquante dernières années, pour le meilleur et pour le pire.
Chez nous, le "merveilleux" serait plutôt l'exceptionnel qui arrange ; il est utilitaire, ou au moins édifiant. Ici il peut naître aussi bien d'un oubli, d'un péché, d'une catastrophe qui, en rompant le train des habitudes, offre à la vie un champ inattendu pour déployer ses fastes sous des yeux toujours prêt à s'en réjouir.
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Le soleil d'hiver sur les murs bleus, la fine odeur du thé, le choc des pions sur le damier, tout était d'une légèreté si étrange on se demandait si cette poignée de vieux séraphins calleux n'allait pas s'envoler avec toute la boutique dans un grand bruit de plume. Instants tout gonflés de tendresse. C'était admirable, et bien persan, cette manière de se tailler au cœur d'une vie perdue, malgré les bronches rongées et les engelures ouvertes.
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Nous avions deux ans devant nous et de l'argent pour autre mois. Le programme était vague, mais dans de pareilles affaires, l'essentiel est de partir.
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