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Les rois d'ailleurs

Nicolas Deleau







  • Broché: 361 pages
  • Editeur : Rivages (29 août 2012)
  • Collection : PR.RI.GF.L.FRA.
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2743623780
  • ISBN-13: 978-2743623784









La chronique d’un roman dont l'écriture est magistrale est plus difficile qu’une autre. Les impressions du lecteur ne seront qu’un pâle rendu de l’ouvrage. Et c’est mon ressenti avec Les rois d’ailleurs. La magie a totalement opéré, Nicolas Deleau aurait pu m’embarquer dans un récit quelque soit le thème abordé, avec un tel talent. Ici c’est le voyage, de ceux qui essaient d’aller au bout de leur rêve, même si c’est pour découvrir que le but est le chemin même, et de ceux qui les vivent au travers des récits des autres, réels ou fictifs, réinventés au gré des ivresses partagées. De Dunkerque à Mourmansk, en passant pas Luanda, les destins se croisent et s’imaginent, avec au coeur du maelström le petit bar de Dunkerque qui focalise les liens amicaux: 

« Et si Dunkerque n’est plus un port exsangue mais le havre d’un double fantôme et toujours mouvant de navires à couple, de départ de rencontres, d’une siamoise sans ruelles, ni géographie, ni quartier ni centre, ni faubourgs ; si Dunkerque n’est pas un port mais le placenta d’un superbe monstre à naître, tant mieux »


Le lecteur voyage aussi, sur un grumier ou l’écrivain s’efface pour mieux se faire adopter, sur un rivage malmené par la colère de l’océan, au point de révéler des promesses de richesse fatales, ou au coeur de la moiteur de Manille. L’aventure s’effiloche, perd son armature, et parfois son âme, mais les récits prennent corps.

La ronde éternelle des départs et des retours n'est-elle pas à l'image de la destinée humaine?




L’idéal du journal, comme celui de la chemise, disait-il parfois dans un sourire, le doigt doctement levé, l’idéal du journal est dans l’ordonnancement  qui précède sa consommation. Avant lecture, le monde semble en ordre. Lecture faite , on s’aperçoit du chaos

Il en est ainsi des ordres anciens: peu à peu ils deviennent tacites et leur nature exacte s'efface avec la raison premier de leur décret dans les brumes du temps. Ces ordres, chacun sait pourtant encore intimement qu'ils ne peuvent être transgressés

Je reviendrais sans doute, hanté, peuplé, ravi à moi-même et aux miens. Je reviendrais corné comme un vieux livre, l'oreille aux aguets, prête à tous les chants d'ailleurs . Je reviendrais, puisqu'il faut revenir- mais j'ai déjà l'exil en moi.

Pourquoi cherche t-on toujours à voir les choses de plus près, alors que le recul est nécessaire à celui qui veut embrasser le monde.

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