Montesquieu
Les lettres persanes se lisent comme un roman épistolaire, même si le propos a des ambitions philosophiques et sociologiques
Usbek et Rica quittent la Perse pour découvrir l'Europe, et font par de leurs impressions dans ces écrits qu'ils adressent aux amis qu'ils auront croisés au cours d é leur périple mais aussi à des correspondants restés en Perse.
La naïveté avec laquelle ils décrivent les moeurs des pays traversés (et surtout la France) donne un ton léger à ce qui est pourtant une critique acerbe des us et coutumes locaux. (Montesquieu est aux Pays-Bas lorsqu'il rédige l'ouvrage, qu'il ne signe pas). C'est aussi un atout pour le lecteur que cet humour satirique.
Tout y passe : la mode, la religion, le mariage, la monogamie, le verbiage des érudits, mais aussi la monarchie, l'esprit des lois, la justice la presse quotidienne naissante et l'opportunisme des courtisans.
Si Montesquieu donne la parole à un musulman fidèle à sa religion, il n'hésite par cependant à faire part de ses doutes sur certaines pratiques (les interdits alimentaires notamment ). Mais l'occasion est belle aussi pour exprimer ses doutes quant aux fondements du christianisme et aux légendes qu'il colporte.
Les lettres couvrent une période de neuf ans et l'absence d'Usbek prolongée au sérail a des conséquences dramatiques : il perd ses épouses. le voyage a profondément transformé l'homme qui se sent contraint de retourner au pays.
Belle incursion au coeur du 18ème siècle, sous une forme accessible et plaisante ( qui demande cependant un peu d'attention, car le style d'écriture, le vocabulaire et les références sont d'époque, même si les adaptations les plus récentes facilitent la tâche).
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