- Broché: 368 pages
- Editeur : Le Seuil (3 janvier 2019)
- Collection : Cadre rouge
- Existe en version numérique
C’est un roman coup de poing! On en ressort assommé, et il faut un peu de temps pour s’en remettre.
Il faut dire que ce que l’auteur nous confie au cours de ces pages est loin d’être anodin. Certes même si, pour citer Tolstoï,
"Toutes les familles heureuses le sont de la même manière, les familles malheureuses le sont chacune à leur façon."
Le malheur au malheur ressemble et se fonde le plus souvent sur le fonctionnement complexe voire pathologique de ces groupes inventés par la civilisation que sont les familles. Traumatisme de l’enfance, fondé sur des malentendus ou des trop bien entendus, lestés par la maladie, l’hérédité et les flèches du hasard?. Dans ce roman, tout y est, avec comme couvercle de plomb la maladie mentale qui frappe inexorablement les femmes générations après génération. Le miroir est monstrueux, superposant à l’infini les portraits féminins.
Mais ce n’est pas là que se situe la prouesse.
Elle est dans l’écriture, riche, juxtaposant les procédés, des lettres, avec leurs révélations violentes, des dialogues , bien ancrés dans le réel, des fragments de conférence, dont le contenu collapsologique crée une mise à distance drastique de tout ce qui constitue la trame du roman, à savoir les blessures individuelles,.
Elle est aussi dans la façon dont est retranscrit le tourbillon des idées et des réflexions qui vont de l’intime à l’universel. Et le lecteur est emporté dans ce maelström vertigineux, qui met en abyme les tourments individuels. Ce qui pourrait être nombrilisme devient partie du tout.
Et le plus étonnant c’est que ce récit n’est pas sombre, il offre une lueur d’espoir, par la voix de la femme qui ose jeter un sort à la malédiction, en l’attaquant avec ses propres armes puisqu’elle devient psychanalyste. Sans oublier que le dernier chapitre est intitulé une fin heureuse.
Lecture forte et marquante.
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Sarah Chiche est écrivain, psychologue clinicienne et psychanalyste. Elle est l'auteur de deux romans : L'inachevée (Grasset, 2008) et L'Emprise (Grasset, 2010), et de trois essais : Personne(s), d’après Le Livre de l'Intranquillité de Fernando Pessoa (Éditions Cécile Defaut, 2013), Éthique du mikado, essai sur le cinéma de Michael Haneke (PUF, 2015), Une histoire érotique de la psychanalyse : de la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui (Payot, 2018).
Source : France Culture
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