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Le meurtre du commandeur : La métaphore se déplace

Haruki Murakami






  • Broché: 480 pages
  • Editeur : Belfond (11 octobre 2018)
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français
  • Traduction (Japonais) : Hélène Morita









Tout ayant été mis en place, avec force détails, dans le premier tome, nous n’avons plus qu’à nous laisser porter par la plume prolixe d’Haruki Murakami.

Le narrateur est en proie à de multiples tracas. Les questions qu’il se pose et se posera toujours concernant son mystérieux ami Menshiki, beau, riche, raffiné, cultivé, mais qui garde au sein de sa luxueuse maison une pièce interdite. Les apparitions aléatoires du Commandeur, la clochette qui joue les filles de l’air… Tout cela sans un crescendo qui arrive à son acmé avec la disparition de la jeune fille  dont il tente de réaliser le portrait. 


Ça, c’est pour l’action et sur les 900 pages que comptent les deux volumes, on peut dire que les rebondissements ne manquent pas. Et pourtant, tout au long de cette histoire, qui comme à l’accoutumée chez l’auteur, mêle fantastique, onirisme et réalité la plus basique :  les détails du quotidien abondent, jusqu’à une sensation de trop plein. Est-il vraiment nécessaire de détailler la préparation d’un apéro de l’ouverture de la porte du frigo pour prendre des glaçons, au remplissage du verre avec tel marque de whisky, en précisant la qualité restante dans la bouteille? Est-il  nécessaire de redécrire chaque personnage à chacune de leur apparition. Ou de répéter les caractéristiques techniques du moteur de la Jaguar de Menshiki? La liste pourrait s’allonger à l’infini. Et les 900 pages pourraient , sans nuire au plaisir, être condensées en 500. Il se pourrait même que cela donne plus de force au roman.


Il n’en reste pas moins que c’est un Murakami qui tient la route, en particulier pour l’analyse des mécanismes de la création artistique et pour l’art de manier le fantastique, sans que l’on puisse vraiment discerner ce qui revient à l’imagination  des personnages ou à la réelle présence d’entités surnaturelles. 



Une peinture est une chose curieuse : à mesure qu’elle approche de son achèvement, elle acquiert sa volonté, son point de vue et sa voix propres. Et lorsqu’elle est achevée, elle fait signe à l’artiste que le travail est terminé

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Les bureaucrates ou les journalistes sont malins pourtant, ils n’emploient jamais des mots ambigus comme « peut-être ». L’expression bien pratique « probabilité de précipitations » (grâce à laquelle personne n’a besoin d’engager sa responsabilité) existe pour contourner le problème.

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il n’y a quasiment aucun intérêt à devenir une légende lorsqu’on est jeune. Et même, à mon avis, je vous dirais que c’est un cauchemar. Une fois sacralisé, vous n’avez plus qu’à vivre le reste de vos jours en reproduisant votre propre légende. Une existence on ne peut plus ennuyeuse !

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Mêlant leurs racines au sein de l’obscurité, mes pensées et celles de la fosse semblaient échanger leur sève entre elles. Le moi et le non-moi se mirent à se mélanger telles deux couleurs diluées dans de l’huile si bien que leurs contours respectifs se firent de plus en plus troubles, incertains.




Haruki Murakami, né à Kyoto le ) est un écrivain japonais contemporain. Auteur de romans à succès, mais aussi de nouvelles et d'essais, Murakami a reçu une douzaine de prix et autres distinctions. Traduit en cinquante langues et édité à des millions d'exemplaires, il est un des auteurs japonais contemporains les plus lus au monde.




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