- Broché: 192 pages
- Editeur : Allary (7 mars 2019)
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Tout commence par un cambriolage. Peu de dégâts, vol d’un ordinateur et de quelques bijoux de pacotille. Hormis le sentiment d’intrusion inévitable, pas de quoi solliciter une cellule de soutien psychologique. Jusqu’au moment où Suzanne découvre qu’un de ses biens les plus précieux, soigneusement caché des regards indiscrets dans un coffret clos, a disparu. Le journal qu’elle a tenu pendant plusieurs années s’est volatilisé.
Pas perdu pour tout le monde. Une fois revenu de sa méprise le voleur s’en est débarrassé dans une poubelle. Martin qui passait par là n’a pas pu résister à la tentation. De s’en saisir, mais aussi de le lire, et de nouer ainsi des liens particulier avec cette femme. Sans la connaitre, il en sait plus sur elle et la passion qu’elle avait confié aux pages des cahiers que beaucoup de ses proches.
Toute proportion gardée, c’est un cataclysme que déclenchent la perte et la découverte. La volonté de retrouver et consolider ces écrits intimes pour la jeune femme. Et un nouveau départ pour l’artiste qui avait renoncé à la création.
C’est un roman de la sérendipité. D’un incident fortuit, deux êtres qui ne se connaissent pas modifient leur itinéraire, et secouent la poussière qui fait perdre de vue le chemin.
Même si l’on se doute que les deux protagonistes se dirigent à leur insu vers une rencontre, peu importe quand et comment. Celui compte, c’est le souffle créatif qu’engendre l’événement initial.
En filigrane, se pose la question de la finalité des textes que l’on rédige : pour soi, comme exutoire aux émotions, en tant que trace-mémoire, ou en imaginant qu’un jour ils soient lus…
Très agréable lecture qui, derrière une intrigue plaisante, laisse entrevoir les ressorts de la création, et la fragilité du mécanisme qui la fait en oeuvre.
Elle s’agenouille devant le meuble, tâtonne jusqu’au fond, comme si elle avait pu mal regarder, mal chercher. Dedans était rangé son journal tenu entre quinze et vingt-deux ans. Une vingtaine de cahiers. Quelques mois auparavant, après en avoir relu des passages, elle avait acheté dans un magasin de bricolage un coffret métallique qui fermait à clé. Elle n’avait pas envie que ses enfants tombent dessus. Elle fouille aussi l’autre tiroir, regarde sous le lit, mais elle sait qu’elle ne le retrouvera pas. Ils ont dû penser qu’il renfermait des objets précieux et l’ont emporté. Quand Vincent entre dans la chambre, Suzanne est assise par terre, hagarde.
*
Avant de claquer la porte, elle aperçoit son reflet dans le miroir de l’entrée. Ses paupières sont légèrement gonflées, ses traits tirés, de petites rides courent autour de sa bouche. Mais ce visage qu’elle ne prend plus le temps de regarder est bien le sien. Elle se souvient. Elle est vivante.
*
Il sait aussi que le jour où un automobiliste ouvrira trop brusquement sa portière, il sera seul. Il sait que la vie qu’il mène n’en est pas une. Il sait qu’il pourrait trouver un autre emploi, reprendre des études. Mais une petite mort, en lui, l’en empêche. Quand il avait dit mon frère, Ousmane l’avait reconnue, cette petite mort, celle des jours qui défilent, désertés.
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Sophie Lemp est née en 1979 à Paris. Après avoir été comédienne, elle est désormais adaptatrice et auteur à France Culture.
"Le Fil" est son premier texte publié.
"Le Fil" est son premier texte publié.
(Source : Babelio)
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