- Broché: 250 pages
- Editeur : JC Lattès (9 janvier 2019)
- Collection : Littérature française
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Lorsque j’ai refermé la dernière page de Ivoire, je me suis demandée si je n’allais pas consacrer toutes ces heures que je passe à lire à des romances, des histoires d’héroïne aux yeux violets, belle, riche, fiancée à un merveilleux jeune homme et pour l’intrigue juste un petit quiproquo qui s’arrangerait à la fin. Et surtout, surtout, pas d’animaux. Je serai même prête à exiger le label « aucun animal n’a été maltraité même en pensée dans ce roman ». Voilà ce que je me suis dit.
Parce que lorsqu’on termine Ivoire, de nombreuses émotions négatives vous envahissent les pensées . De la colère, du désespoir, de la tristesse, de la pitié et surtout un immense sentiment d’impuissance.
Que faire en effet pour endiguer cette progression inexorable vers la disparition de nombreuses espèces d’animaux? On ne parle même pas des hécatombes liées au changement climatique, mais juste de la tuerie organisée sur le continent africain, qui nourrit une foule d’intermédiaires qui ne voient que le profit immédiat. Le commerce de l’ivoire aura beau être banni officiellement en Chine, les réseaux commerciaux illégaux continueront de fleurir, jusqu’à ce que le manque de denrée première, c’est à dire les éléphants, ne donne plus de possibilité aux trafiquants. Mais même alors, il faudra que les pangolins et les ânes fassent attention à leurs fesses, car ils seront les nouvelles proies .
Niels Labuzan nous offre là un roman qui explique bien les tenants et aboutissants de ce trafic et le règne universel de l’argent au mépris de toute considération pour la vie, qu’elle soit humaine ou animale.
Certes on voit bien que la lutte est présente, mais peu efficace.
C’est très instructif, assez décourageant, et cela aurait mérité 5 étoiles si quelques tournures maladroites ne m’avaient posé problème à la lecture.
Pas question de les arracher, de les abimer, elles perdraient trop de valeur. Lorsque la trompe a été sectionnée, le plus simple est de couper la tête à la hache. Puis à l'aide d'une machette spéciale, il fait dégager la chair, rentrer à l'intérieur, et, comme on déchausse une dent, sortir la défense intacte, la séparer de la mâchoire supérieure.
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Vingt millions d'éléphants avant la colonisation européenne, encore un million en 1970, et aujourd'hui la queue de peloton qui s'effrite inexorablement. L'état de confusion dans lequel nous nous sommes laissé prendre. que se passera-t-il quand il n'y aura plus un seul éléphant, quand nous aurons vidé l'espace autour de nous?
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Tant que l'homme pense que ses faiblesses peuvent être compensées par de la bile, du foie, des pattes, des griffes, qu'il lui suffit de consommer ou d'accumuler des parties animales pour guérir ou pour exister, tant que les pays consommateurs de cornes, d'ivoire, d'écailles et autres produits issus de la faune sauvage ne décident pas d'interdire ces pratiques et de les condamner, le braconnage prospèrera toujours plus.
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Il y en a qui ne voient pas l'animal majestueux, héritier de tant d'évolutions, ils voient de l'argent, ils voient leur propre réussite, leur ascension sociale, ils voient des stylos, des ornementations, ils voient que la classe moyenne explose et qu'elle aime les traditions.
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Et c'est sur cette pensée qu'il relâcha toute la pression qui s'était accumulée en lui, et qu'il se laissa aller au sol, sans chercher à résister, sans chercher à dire une parole ou à faire un geste, il était avec lui même, le reste n'avait plus d'importance. Il était enfin prêt à rejoindre la terre, à s'enfoncer profondément dans un monde ou rien ne poussait, où aucune forme, de vie ne pouvait s'imposer.
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