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La forêt des 29

Irène Frain
















Le livre a un peu traîné sur l’étagère : une certaine méfiance liée à la lecture de quelques critiques plutôt négatives, d’autres lectures plus urgentes avec dead-line pour la rédaction de chroniques, autant de raisons pour procrastiner.

La tâche achevée a partiellement levé mes craintes, mais pas complètement. En effet , le personnage central Djambo ( ce qui signifie «la merveille») est très intéressant et son histoire passionnante. La période à laquelle les faits ont lieu , ainsi que le pays ne pouvaient que me plaire : nous sommes en Inde au début de notre moyen-âge alors que les moeurs guerrières des dirigeants sèment la désolation parmi les populations, d’autant que la sécheresse sévit depuis des années, condamnant tout un peuple à subir la famine.

Djambo vient au monde dans ce contexte, rejeté tant par sa famille que par l’ensemble des habitants du village, se résignant à vivre une vie de solitaire, à devenir invisible aux yeux de ceux qui ne s’adressent à lui que pour l’insulter. La mort prématurée de ses frères, la rencontre avec Bika,  futur souverain, effondré devant le cadavre de son amante, que Djambo enterrera, les échanges avec Karma une femme chassée de son village par les hordes de brigands qui sévissent dans le pays, l’amèneront à quitter son village natal. C’est le début d’un long voyage initiatique en compagnie d’un magicien, puis d’une danseuse de rue. Fort de tous les savoirs nés de l’observation, Djambo va fonder un village, régi par 29 lois, sans dieu ni maître, en totale harmonie avec la nature, et où pendant plusieurs siècles la population vivra prospère et heureuse.
Que manque t-il à ce récit pour être plébiscité sans réserve? Est-ce le fait que régulièrement le déroulement soit interrompu pour signifier l’incertitude des faits, transmis d’abord par oral et donc enrichi et embelli par les conteurs, les écrits n’apparaissant que plusieurs dizaines d’années après? Est-ce le fait que tout ce que promet le titre n’apparaît qu’en fin de récit et est relativement peu développé? (j’aurais aimé en savoir plus sur les 29 principes fondateurs de cette communauté, en particulier les origines de leur choix)
Cela reste cependant une lecture intéressante et j’ai apprécié la découverte des origines de ce groupe d’écologistes avant l’heure, d’une ténacité exemplaire, puisque leur vie peut être sacrifiée à  leur cause, et que ce mouvement subsiste de nos jours, alors que les instincts belliqueux et destructeurs des souverains de l’époque sont remplacés par les «maniaques du profit, indifférents aux risques mortels qu’il font courir à leur semblables».
Un très bel exemple de communion avec la nature qui prend une dimension divine et mérite le respect.

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