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Humain : une enquête philosophique sur ces révolutions qui changent nos vies

Monique Atlan
Roger-Pol Droit









 Ed. Flammarion |
 560 p., 
22,90 €.
Janvier 2012
































Découvert sur Internet par l’intermédiaire d’un magazine en ligne, lu sur une tablette, et commenté sur blog sous un pseudo, avec réponses éventuelles de la part d’autres pseudos dont je n’aurai que quelques indices pur en cerner la réalité, ce livre est au coeur du sujet : comment l’état actuel des technologies modifie-t-elle nos relations aux autres humains, au monde, au temps? n’y a t-il pas nécessité de redéfinir la notion même d’humanité à la lumière des connaissances scientifiques et des réflexions philosophiques qui en découlent? Comme le dit Etienne Klein : 

«A force de modifier les conditions de vie des hommes par la technique, nous risquons de changer le rapport à la vie, à la mort, à autrui, c’est à dire à la condition humaine»
La technologie de pointe peut beaucoup de choses, pour le pire et pour le meilleur : remplacer les organes défaillants, reculer les limites de l’existence humaine, démultiplier nos capacités mentales. Les adeptes du transhumanisme («ce curieux cocktail de recherches de pointe et d’opportunités commerciales, d’utopies millénaristes et de rêves spirituels transplantées dans les technologies actuelles et futures de la Silicon Valley californienne») prévoient même la mise en pratique de ces révolutions pour les années 2030-2040.
A un tel point que surgit à l’horizon le spectre d’une machine supplantant l’homme, et éradiquant à coup de «glu grise» l’humanité de la surface de la planète.

La question se pose alors de ce qui différencie l’intelligence humaine de l’intelligence artificielle. Et au delà de ce que devient notre conception de l’âme que les méthodes modernes d’imagerie essaient de traquer à grand renfort de machines sophistiquées, pour peu que l’on adhère encore à la conception dualiste de l’humain. C’est l’occasion pour les auteurs de passer en revue les différent conceptions philosophiques qui ont tour à tour placé l’âme dans le coeur, le cerveau ou dans chaque cellule vivante, la rattachant ainsi de façon variable au divin.

Autre grande révolution scientifique : la maîtrise de la fécondité, possible, même si elle n’est pas à ce jour universelle. Cela modifie considérablement la place de la moitié de l’humanité, à savoir les femmes.

Au delà des progrès techniques, l’homme aristotélicien est un animal social. Mais encore ici, la science et surtout ses applications modifient la donne. La mesure du temps et de l’espace s’en trouve pervertie, et cette révolution en marche que constituent les réseaux sociaux et les multiconnections  n’a pas encore révélé tous les bouleversements qui en découlent : l’existence de non lieux (aéroports, autoroutes, camps de transit) la relation de l’homme au travail, les conséquences sur la nature et sur les relations à la nature, tout est à revoir à l’aune des réseaux.
La cohorte des interlocuteurs est étourdissante : la quintessence des éminents spécialistes mondiaux, le plus souvent coiffés d’une double casquette scientifique et philosophique, dont le parcours est édifiant, est conviée pour exprimer son ressenti de la situation actuelle de la planète. Aucun débat n’est oublié : mondialisation, écologie, place de l’individu, modification des repères....
C’est foisonnant, complet, et certainement compatible avec une bibliothèque minimale type île déserte, pour peu que la solitude soit un stimulant pour réfléchir à notre rôle en ce bas monde.

Dernière remarque et pas des moindres, c’est très clair et très accessible, les spécialistes consultés et les auteurs ayant laissé tomber le jargon ésotérique qui isole le commun des lecteurs, pour le plus grand bonheur de ces derniers

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