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Le mur invisible

Marlen Haushofer





  • Poche: 352 pages
  • Existe en version numérique
  • Editeur : Actes Sud (24 avril 1992)
  • Collection : Babel
  • Langue : Français
  • Traduction (Allemand) : Liselotte Bodo
  • ISBN-10: 2868698328
  • ISBN-13: 978-2868698322





Brutalement isolée du reste du monde par une frontière immatérielle, une femme se retrouve soudain confrontée à elle même et à une nature peu amicale, avec un enjeu immédiat, la survie.
Que l'on ne s'y méprenne pas, si le récit s'apparente indéniablement au genre science-fiction post-apocalyptique, il ne doit pas décourager les lecteurs peu friands de cette littérature. On ne sait pas ce qui s'est passé et on s'en fiche. le propos tient plus d'une robinsonade, terrestre et montagnarde, que d'une chronique de fin du monde.

La narratrice, seule dans son chalet de montagne, prend vite conscience d'une nécessité, manger pour vivre. Et l'énergie déployée, lorsque l'on a une idée vague et livresque des joies du travail paysan, procure une épuisement rapide qui met à distance les questions existentielles. Qui ne tarderont cependant pas à s'imposer. 
Les alliances nécessaires se nouent : un chien, un chat, une vache que leur statut d'animal de compagnie ou de labeur a rendu dépendants et incapables de se débrouiller dans la nature. Leur rôle est fondamental et complexe : ils sont une garantie de ne pas perdre la faculté de parler, même si c'est à sens unique, ils contribuent à rendre le quotidien plus facile bien que leur existence soit une responsabilité, lourde à porter mais garante d'une volonté de rester en vie.
Cette profonde solitude crée de longs débats internes, qui éludent rapidement la question de ce qui a pu provoquer une telle situation. Ce sont les constats de la vacuité et de la vanité de ce qui faisait la vie d'avant, les enfants le travail, la famille et la gestion du temps, dans l'ignorance totale de ce qui fait l'essence de la vie.
L'ex femme lancée malgré elle dans la trépidation d'une vie urbaine souffre aussi dans son corps, les travaux des champs sont exigeants, la nourriture est peu variée et peu abondante, une simple rage de dents devient un enfer, les,muscles et les articulations sont mis à mal. 
Elle abandonne sans regret tous les rituels qui concernent son apparence : les animaux ne le lui reprocheront pas.

Peu à peu, émergent des représentations d'une autre dimension, plus profondes, plus intimes, curieusement surgies d'un nouvel exil vers un alpage pour l'été.

C'est un récit bouleversant, dont les effets se font sentir au cours des nuits qui suivent la lecture, par des rêves suffisamment intenses pour que l'on s'en souvienne au réveil. Bien au delà de l'histoire, les interrogations fondamentales se profilent.

Le récit est habilement construit pour ne pas devenir monotone. Un tout petit bémol : certains tournures de phrases sont un peu étranges : effet de la traduction?

Une adaptation filmée existe, sous le même titre, tout à fait à la hauteur, ce qui est assez rare pour être souligné.






C'est un sentiment bizarre que celui d'écrire pour des souris. Parfois je dois faire semblant d'écrire pour des hommes, ça me devient alors plus facile .

*

Ce n'est que lorsque la connaissance d'une chose se répand lentement à travers le corps qu'on la sait vraiment. C'est ainsi que je n'ignore pas comme tout un chacun, que je vais mourir, mais mes pieds, mes mains, mes entrailles l'ignorent encore et c'est pourquoi la mort me semble tellement irréelle.

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