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L'espoir, cette tragédie

Shalom Auslander








  • Broché: 326 pages
  • Editeur : Belfond (10 janvier 2013)
  • Existe en version numérique
  • Collection : Littérature étrangère
  • Langue : Français
  • Traduction (Anglais) : Bernard Cohen
  • ISBN-10: 2714453023
  • ISBN-13: 978-2714453020





Drôle de bonhomme que le dénommé Kugel. La cinquième génération américaine de cette famille juive orthodoxe porte encore sur ses épaules le poids d’un héritage traumatisant. Alors lorsque Kugel et Bree emménagent dans cette maison avec leur petit Jonas , c’est pour repartir sur de bonnes bases. 

Oui mais voilà, mère ne va pas vivre très longtemps, alors l’une des chambres destinées à la location pour aider au financement de la maison lui revient
Oui mais voilà, le locataire de la seconde chambre est un enquiquineur fini. En même temps qui ne se plaindrait pas d’une odeur de merde qui envahit la maison
Oui mais voilà, le grenier est habité…Par une vieillarde cacochyme qui prétend se nommer Anne Franck!

Et comme c’est un tourmenté, Solomon, en essayant de ménager chèvre et chou, livre ce combat quotidien tout seul et intérieurement. Son entourage ne perçoit que les séquelles de ses ratiocinations incessantes, à travers d’étranges agissements, qui peuvent passer pour une décompensation d’ordre psychiatrique.

Les personnages  :

Mère : un modèle du genre. Traumatisée par une guerre qu’elle n’a pas vécue (elle est née en 1945 à Brooklyn). Traumatisante pour son fils, qui a longtemps cru que l’abat-jour de sa chambre était un reste de son arrière grand-père, jusqu’à ce qu’il découvre l’étiquette « made in Taïwan ».
Pas étonnée d’aller chaque jour cueillir au potager une belle récolte de légumes ou de viande, que Kugel a déposé, afin qu’elle se réjouisse de sa main verte

Bree : les pieds sur terre, un peu désemparée face à ce mari qu’elle a du mal à cerner, et bien décidée à protéger Jonas de toutes ces fantaisies



Le locataire : tout puissant, très exigeant mais terriblement nécessaire.

Anne Franck : on ne sait pas immédiatement comment elle a pu arriver là. Elle essaie depuis des années d’écrire une suite à son journal. Elle est insupportable, acariâtre, tyrannique, même si Kugel se met en quatre pour la satisfaire, tout en imaginant comment il pourrait la faire disparaître. 

Certes s’attaquer ainsi à une icône aussi symbolique et intouchable peut apparaître irrévérencieux. Mais si le personnage accède à sa dimension métaphorique, alors la fiction prend tout son sens : 

"Il y a des gens qui réécrivent le passé en l'embellissant, d'autres en le noircissant [...], mais d'une façon ou d'une autre, je vous le promets, la fiction reviendra. Pour la simple raison que ce qui n'est pas de la fiction est trop dur à supporter. » le dit l’auteur dans l’épilogue.


Derrière la provocation, toute la question du devoir de mémoire, alors que les survivants auront disparus.




Jonas était un enfant extrêmement intelligent, ce qui ne faisait qu'exacerber le sentiment de culpabilité de Kugel pour l'avoir mis au monde. C'était déjà criminel,d'avoir condamné un nouvel être à vivre, mais la vie était une peine que les imbéciles purgeaient plus facilement.

*

Bree ne partageait pas l'enthousiasme de Kugel à l'égard de tous ces comprimés et décoctions aux prix exorbitants. Cet enfant, avait-elle déclaré, allait avoir la pisse la plus coûteuse de toute la côte nord-est des Etats-Unis.


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