- Broché: 450 pages
- Editeur : Editions de Fallois (30 septembre 2015)
- Collection : FALL.LITTERAT.
- Langue : Français
- ISBN-10: 2877069478
- ISBN-13: 978-2877069472
Succès médiatique attendu, car si le précédent roman de Joël Dicker a été controversé (trop de succès d’un coup agace les critiques), il avait aussi en tête des ventes et écoulé à 1,5 millions d’exemplaires un an après sa parution.
Il est certain que même les lecteurs se méfient lorsqu’un deuxième opus est annoncé : il faut attendre que le fan club soit ferré pour se permettre de publier une pâle copie des premiers succès, attendre que le lectorat soit suffisamment accro pour être indulgent.
Ici la promesse est tenue : le pari est gagné, Joël Dicker nous embarque dans cette sombre histoire familiale avec verve et vigueur. On est happé et contraint de le suivre avec le plus grand plaisir. Un des astuces les plus visibles est cette façon maligne de relancer l’intrigue, à l’aide de ces formules magiques: « A cette époque je ne savais pas que…. » « Personne ne se doutait que…. » . C’est simple mais ça fonctionne à tous les coups.
Qui sont donc ces Baltimore, auxquels le narrateur rend hommage par le biais du livre que nous lisons? Une famille américaine à deux vitesses, à deux clans qui se distinguent par leurs niveaux de vie bien différent, mais se rassemblent tout de même une fois l’an autour de la dinde deThanksgiving. Les cousins Goldman se retrouvent ainsi, Marcus, le narrateur et Hillel, qui forment avec Woody, le fils adoptif des Baltimore un trio profondément soudé par les liens de l’amitié.
C’est du bonheur d’enfance sans nuage, tant que les hontes et les regrets, tus et enfouis sous des allures de convivialité familiale et de bons sentiments, ne refont pas surface. Leur révélation ne refera pas l’histoire, le mal est fait, le Drame a eu lieu, drame annoncé, mais savamment distillé : d’autres drames émaillent l’histoire, de plus en plus sérieux, qui laissent penser que tout est dit, mais non, on découvre qu’il y a eu plus grave.
C’est ce qui confère à l’intrigue une ambiance de thriller, même si les faits sont passés, et que le narrateur est dans une phase de reconstruction, de son histoire familiale et par la même occasion de lui-même.
Les ingrédients de la recette sont loin d’être originaux : la rivalité amoureuse, l’argent et les malentendus. Ce mélange détonnant peut faire exploser toutes les mirages de l’enfance, et détruire les fondations d’une édifice, alors que la façade fait encore illusion.
J’ai adoré ce roman, peut-être même plus encore que La vérité sur l’affaire Harry Québert. Joël Dicker ne nous laisse pas le choix, on ne peut résister à l’envie, page après page, d’en savoir plus sur cette famille et ses ratés. Nous avons affaire à un conteur de grand talent.
Dans vingt ans, les gens ne liront plus. C'est comme ça. Ils seront trop occupés à faire les zozos sur leurs téléphones portables. Vous savez Goldman, l'édition c'est fini. Les enfants de vos enfants regarderont les livres avec la même curiosité que nous regardons les hyéroplyphes des égyptiens. Ils vous diront :"Grand-père, à quoi servaient les livres?" Et vous leur répondrez : " A rêver. Ou à couper les arbres, je ne sais plus."
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