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Ciel d'acier

Michel Moutot






  • Broché: 522 pages
  • Editeur : Arléa Editions (8 janvier 2015)
  • Collection : LITT. GENERALE
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2363080718
  • ISBN-13: 978-2363080714











Excellent récit romancé, pour lequel je remercie Babelio et les éditions Points de m’avoir accordé leur confiance.

Pour résumer en deux mots, il est question des tours jumelles, celles qu’un fanatisme aveugle et inhumain a détruit et avec elles fait disparaître quelques trois mille personnes qui n’avaient rien demandé.
Mais c’est aussi l’histoire de ces sacrés petits gars qui les ont construites, elles et tous les autres monuments de verre et d’acier qui sont de nos jours l’apanage de tous les centres villes des mégalopoles. Pas n’importe lesquels : on sait que nombre d’Irlandais ont participé à ces chantiers du début du vingtième siècle : ici ce sont les indiens mohawks, qui descendaient du Canada pour assurer des revenus confortables à leurs familles, restées au pays.

John Laliberté assiste en direct à la catastrophe. S’il s’inscrit d’emblée sur la liste des volontaires pour le déblaiement, ce n’est pas seulement parce qu’il fait partie de cette corporation pour qui les buildings sont leurs oeuvres, c’est aussi pour tenter de retrouver l’outil de son père , mort sur le chantier et que ses collègues avaient caché.

Pour ces ouvriers, c’ était une  joie, un honneur d’être embauché sur le chantier des ces tours construites comme on ne l’avait jamais fait.C’est avec amusement  qu’ils laissent se perpétuer la légende qu’on se garde de contredire mais qui se transmet comme une bonne blague : eh oui, les indiens ressentent aussi le vertige, c’est la volonté puis l’habitude qui les rend aussi téméraires sur les poutres de métal. Au risque d’y laisser la vie (le focus sur les conditions de travail des ouvriers est assez édifiant).

Si la construction des tours constitue une part non négligeable  du récit, le drame qui les a détruites est tout aussi importante. Bien sûr, on a tous vu ce nuage de poussière s’élevant devant nos yeux incrédules, diffusé en direct sur tous les écrans du monde. Mais au delà des chiffres qui chaque jour évaluaient le nombre de victimes à la hausse et que l’espoir de retrouver des survivants s’amenuisait (et l’on sait maintenant à quel point il était vain), qu’a-t-on su de l’enfer de ceux qui ont déblayé les décombres : neufs mois d’horreur, d’exposition à de multiples dangers, des inhalations de toxiques au risque d’effondrement, avec en filigrane la découverte  permanente de restes humains.

Ce premier roman a de nombreuses qualités : une écriture simple et claire, une alternance des époques qui le rend vivant (au risque cependant de parfois créer la confusion pour identifier les générations), un intérêt pédagogique certain et une charge émotionnelle que les vingt-cinq ans passés n’ont pas estompée.

Challenge pavés 2016-2017




En algonquin, kébec signifie "là où le fleuve se rétrécit ".

*

Les gens sur le chantier ne comprenaient pas que je puisse marcher aussi facilement sur les poutres, certains ont commencé à dire que je n'avais pas le vertige parce que j'étais indien. Cette ânerie que disent certains à Québec est arrivée jusqu'ici, je ne les ai pas contredits.

*

Quand j'avance sur ma poutre, au-dessus de Manhattan, quand j'assemble à la main les pièces de leur cathédrale d'acier, je ne suis pas dans leur univers, mais dans le mien. Je marche là où personne n'a marché avant moi. Dans le ciel. Avec les aigles.











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