- Poche: 573 pages
- Editeur : J'ai lu (3 février 2003)
- Collection : Science-fiction
- Langue : Français
- Traduction (Anglais) : Jean-Pierre Pugi
- ISBN-10: 2290324914
- ISBN-13: 978-2290324912
C’est bien, mais c’est long! Est-ce aussi bien que long?
Clairement c’est de la SF type voyage temporel, qui s’est parée d’attributs littéraires afin de se dénoter.
D’abord en ce qui concerne le fameux paradoxe dont Barjavel s’était fait le chantre avec Le voyageur dans le temps : on connaît l’histoire, l’homme qui par maladresse tue son grand-père avant que celui ci ait une descendance , donc ne peut exister, donc ne peut pas tuer son grand-père….Ici le point d’achoppement de tous ces récits est habilement contourné, et constitue le pivot central du roman. En effet nous sommes en 2078, la technique pour se déplacer dans le temps est à peu près maitrisée, et surtout on est bien conscient des risques écologico-historiques si l’on bouleverse l’ordre des choses. Pas question de ramener des objets, de semer le doute dans l’esprit des populations visitées (encore que dans ce cas le recours aux fantômes et autres esprits errants peut faire l’’affaire), la plus grande prudence s’impose. Et des spécialistes se penchent en continu sur la question, à la recherche d’incongruités, même infimes qui risquent de modifier la face du monde.
C’est ainsi qu’un chat et une potiche font l’objet d’une traque sans relâche…
Quant au style, il s’inspire ouvertement et librement de Trois hommes dans un bateau. Dès le titre des chapitres, qui fait 10 lignes et résume en phrases sibyllines le contenu des pages à venir. Les allusions au roman culte de Jerome K. Jérome abondent , et la période la plus fréquentée par nos « chrononautes » se situe peu ou prou fin 19è (le narrateur se demande s’il peut le citer dans la conversation, ne sachant pas exactement si le livre a été publié….). Même le titre du roman est une allusion puisqu’il s’agit du sous-titre de Trois hommes dans un bateau
Les péripéties ne manquent pas, tant l’univers chaotique qui est le nôtre est sensible aux infimes variations : on assiste à d’innombrables démonstrations de l’influence de faits anodins qui se déroulant différemment vont modifier considérablement la face du monde.
Et en toile de fond la question de la prédestination : y a t-il une auto-régulation qui en fin de compte corrige spontanément les incongruités pour ce que qui doit arriver arrive inéluctablement?
Beaucoup d’humour tout au long de ces pages : lié aux personnages, aux situations de décalage, au déphasage temporel (une sorte d’ivresse), aux dialogues et aux quiproquos.
C’est cependant un peu trop long. On finit par s’y perdre, et la potiche de l’évêque est à deux doigts de nous monter au nez. C’est dommage, la lecture aurait pu être un pur bonheur.
Un des premiers symptômes du déphasage temporel est une propension à un sentimentalisme larmoyant digne d'un Irlandais ivre ou d'un poète victorien à jeun.
*
- Que faites-vous? m'enquis-je.
- J'essuie ma plume.
Elle la piqua entre deux pétales et la sécha.
-C'est un essuie-plume, m'exclamai-je. Un essuie-plume! On s'en servait pour essuyer les plumes!
Elle me dévisagea.
- Ça me paraît logique, non? L'encre s'était accumulée à son extrémité et j'aurais fait un pâté.
- Mais c'est bien sûr! On essuie les plumes dans un essuie-plume !
- Avez-vous effectué de nombreux sauts, ces derniers temps?
*
- N'y a-t-il pas de train direct pour Coventry?
- Si, madame. A 10:17. Le convoi va partir, madame. Ce sera tout?
- Non, je veux mon guide et une carpette pour poser mes pieds. L'entretien de ces voitures est lamentable.
Mme Mering n'avait jamais dû prendre le métro. Quelle que fût l'époque, les gens appréciaient rarement leurs moyens de transports. Au XXe siècle, ils se plaignaient des vols annulés et du prix des carburants; au XVIIIe, des routes boueuses et des bandits de grand chemin ; et dans l'antiquité les Grecs du professeur Peddick avaient dû fulminer contre les chevaux récalcitrants et les roues de leurs chars qui se déboitaient constamment.
- Non, je veux mon guide et une carpette pour poser mes pieds. L'entretien de ces voitures est lamentable.
Mme Mering n'avait jamais dû prendre le métro. Quelle que fût l'époque, les gens appréciaient rarement leurs moyens de transports. Au XXe siècle, ils se plaignaient des vols annulés et du prix des carburants; au XVIIIe, des routes boueuses et des bandits de grand chemin ; et dans l'antiquité les Grecs du professeur Peddick avaient dû fulminer contre les chevaux récalcitrants et les roues de leurs chars qui se déboitaient constamment.
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