- Broché: 416 pages
- Editeur : ALBIN MICHEL (4 mai 2016)
- Collection : Terres d'Amérique
- Exist en version numérique
- Langue : Français
- Traduction (Anglais) : Pierre Demarty
- ISBN-10: 2226325751
- ISBN-13: 978-2226325754
Pour paraphraser Trench, l’un des personnages des Maraudeurs, c’est un « sacré putain de bon roman! »
La Louisiane pour cadre, avec même un marque-page offert par l’éditeur pour promouvoir le tourisme dans cette région : eh bien si quelqu’un a encore envie de visiter la région après avoir tourner la dernière page, je me pose des questions! Peu de musique (ou alors elle sort par les oreilles de celui qui l’entend. Le bayou , certes, mais peuplé de créatures sauvages et très dangereuses (reptiles, félins, arachnides….). Le décor sinistré porte en outre les cicatrices de Katrina, ça c’est pour la terre. Quant à la mer qui est censée pourvoir aux besoins de la population par le biais de la pêche à la crevette, elle est dévastée par la rupture du pipeline de BP. Voilà, voilà.
Alors on oublie le circuit cajun et on se concentre sur l’histoire. Et là c’est du bonheur. Les personnages sont taillés à la serpe, rudes, usés par leur travail qui ne leur permet plus de vivre. On s’attache vite à Lindquist, qui lance avec acharnement de son seul bras valide promène avec lui un détecteur de métaux, à la recherche de doublons d’or du temps des flibustiers.
On suit avec passion les relations complexes de Wes et de son père, on frémit quand les jumeaux psychopathes se pointent dans les parages, prêts à en découdre pour protéger leurs délits, tandis que le couple improbable de losers Hanson et Cosgrove suscite autant la pitié que la raillerie. Et parmi ces résidents de Jeanette, circule un type mandaté par BP pour acheter le silence des sinistrés de la marée noire.
Et c’est en plus très drôle. Humour noir, certes, mais humour quand même. Et si on est loin d’un dépliant touristique, l’auteur capte et restitue une ambiance très particulière, à la fois répulsive et séduisante.
Peu de femmes dans ce récit : elles sont mortes ou parties. Elles sont cependant présentes dans les souvenirs ou dans les espoirs.
Donald Ray Pollock qualify ce premier roman de « brillant et palpitant » . Je ne l’aurais pas mieux résumé.
Puis Lindquist comprit enfin pourquoi sa fille portait un foulard. Une trace de suçon, comme un petit médaillon pourpre, dépassait du carré de tissu. Il faillit demander à Reagan si son petit ami était une lamproie. Si elle s’était fait agresser par un débouche-chiotte. Mais certaines blagues étaient verboten – un interdit dont il réservait le privilège exclusif à sa fille
*
Fiston. Ca n'a rien à voir avec les cachets. Regarde la flotte. Regarde les infos. On bosse à perte; On ferait pareil dans n'importe quel boulot, ils nous enverraient direct dans un asile de dingues.
*
Derrière le tronc abattu d'un pin, Lindquist tomba nez à nez avec un vieux lynx au museau gris. L'animal grimpa se réfugier dans les branches d'un laurier et darda sur lui deux yeux jaunes enragés. Lindquist remarqua qu'il lui manquait une oreille, réduite à un moignon de chair déchiquetée. Il ressentit envers la pauvre bête un élan de compassion solidaire., mais sentit que ce n'était pas réciproque.
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