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Comme Dieu le veut

Niccolo Ammaniti








  • Poche: 544 pages
  • Editeur : Le Livre de Poche (12 mai 2010)
  • Collection : Littérature & Documents
  • Langue : Français
  • Traduction (Italien) : Myriem Bouzaher
  • ISBN-10: 2253129232
  • ISBN-13: 978-2253129233










Voilà une fresque sociale contemporaine menée tambour battant! En compagnie de pieds nickelés aussi désespérants qu’attendrissants dans leur infortune, même si elle résulte le plus souvent de leur incapacité à prendre les bonnes décisions. Je dirais même plus, à leur obstination de choisir systématiquement la pire solution.
Rino, le skinhead alcoolo, Danilo, qui rêve encore de reconquérir sa femme malgré le drame qui les a séparé, Quattro Formaggi, jamais remis d’une électrocution, les trois lascars projettent un coup fumant qui les sortirait de la mouise : défoncer un distributeur de billets à l’aide d’une voiture bélier! 

Cristiano, essaie de trouver des repères au sein de toute cette confusion. Pas de copains, la crainte permanente que le zélé Beppe le place en famille d’accueil, un amour immense pour son père Rino, qui arbore un drapeau nazi dans sa chambre et passe le plus clair de son temps dans les brumes d’une alcoolisation massive. Pour lui, il est capable de tuer un chien de sang-froid, et bien pire.

Dans une Italie terriblement éprouvée par l’agonie d’une économie que le passage à l’euro a achevée, Niccolo Ammaniti, décrit avec réalisme le quotidien désespérant de ceux qui osent encore espérer, au risque de se perdre un peu plus.

Tels des funambules au dessus d’une précipice, la bande de losers s’achemine avec détermination vers le drame.

Les personnages sont remarquables. Malgré leur faiblesse, leurs tares, on s’y attache avec force. Ils parviennent à nous faire rire, tout en inspirant un dégoût jusqu’à la nausée. Quattro Formaggi en particulier, qui vit dans un taudis envahi par un chantier de crèche, et cherche inutilement le sens divin de chaque événement pour justifier ses frasques, est un quasimodo des temps modernes.

Mais celui qui hisse le récit au rang de chef d’oeuvre c’est bien sûr Cristiano, dont on n’ose imaginer l’avenir, après cette enfance écourtée (a-t-elle même existé?). Intrépide, fidèle à sa parole, mal dans sa peau, mais largement plus malin que son entourage, on croise les doigts pour que ses ressources lui viennent en aide

L’écriture est tonique, efficace, on se s’ennuie pas un instant, et on arrive à rire (jaune) de cet humour (noir) qui ponctue les pages et allège le récit.


Une excellente lecture, hautement recommandable.




C'est dans mon caractère. Si tu me fais une saloperie, c'est terminé avec moi pour toujours et je t'aurai toujours dans le collimateur. J'ai peut-être un caractère de merde, mais c'est celui que j'avais quand je suis venu au monde. C'est très facile d'avoir des relations avec moi, suffit de pas me faire chier, et tout roule. » Ainsi parlait Rino à toute personne qui lui faisait remarquer, avec une extrême délicatesse, qu'il était un brin susceptible.

*

Ne parle de liberté. Ils sont tous bons pour parler de liberté. Liberté par-ci, liberté par là. Ils en ont plein la bouche. Mais bon Dieu, t'en fais quoi de ta liberté ? Si t'as pas un rond, pas de boulot, t'as toute la liberté du monde mais tu sais pas quoi en faire. Tu pars. Et où tu vas ? E comment tu y vas ? Les clochards sont les plus libres de la terre et il crèvent congelés sur les bancs des parcs. La liberté est un mot qui sert seulement à baiser les gens. Tu sais combien de cons sont morts pour la liberté alors qu'ils savaient même pas ce que c'était ?

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