- Poche: 1088 pages
- Editeur : Pocket (20 janvier 2005)
- Collection : Litterature
- Langue : Français
- Traduction (Anglais) : Françoise Cartano
- ISBN-10: 2266147978
- ISBN-13: 978-2266147972
« L’histoire des Wingo est une histoire faite d’humour, de grotesque et de tragédie. Avec une prédominance de la tragédie »
L’auteur lui-même définit en deux lignes dans ce fleuve littéraire gigantesque, l’essence même de son récit. L’épopée d’une famille dysfonctionnelle, foutraque, perdue dans ses mensonges et les chausse-trappes de sa mémoire, marquée par un grain de folie transgénérationnelle. Un grand-père mystique, un père en recherche éternelle de la bonne idée, une mère aussi grandiose que dangereuse : le narrateur , Tom tente de reconstituer et de comprendre la trajectoire des trois enfants issus de cette généalogie démente.
Tous les ingrédients de ce qui fait mon bonheur de lectrice y sont : le décor New-Yorkais, doublé d’une Amérique sudiste rétro à souhait, la psychanalyste juive, la folie en filigrane, qui sublime la poésie, les valeurs bafouées du rêve américain : carton plein. Et que l’ouvrage fasse trois cents pages (là j’en redemande), cinq cents ou mille (et là le compte est bon), c’est gagné pour des heures de plaisir. D’autant que l’écriture est magique, que ce soit dans les descriptions de paysage ou dans les épisodes de crise familiale d’une grande violence , les dialogues au top (l(humour du narrateur est sa principale défense), et les personnages analysés avec subtilité. Malgré l’épaisseur du pavé, pas d’ennui. Les chapitres se succèdent en réservant des surprises de taille : l’histoire du marsouin blanc ou de la tortue puante, non seulement sont drôles mais représentent aussi des éléments cruciaux dans l’histoire de la saga familiale et aident à comprendre les drames. nous avons même le droit aux cadeaux d’un conte pour enfants et des sublimes poèmes de Savannah.
Tout y est là , la guerre du Vietnam, la guerre froide, la lutte des classes, le racisme (on n’est pas dans le sud pour rien).
On peut se demander si Pat Conroy n’a d’ailleurs pas été l’initiateur de ces romans américains dont je listais les ingrédients ci-dessus. Il est paru en 1986 et pourrait être le chef de file d’une recette à succès. Est-ce une bonne idée de se jeter sur le film avec Barbara Streisand?
Je me mis à aimer le silence des petits matins. C'est dans le calme que je commençai à tenir un journal où je consignais de solennelles remarques dans la calligraphie convenue de l'enseignement public, les caractères s'étant rétréci au fil des ans en écho à mon propre déclin.
*
Pour décrire notre enfance dans les basses terres de Caroline du Sud, il me faudrait vous emmener dans les marais, un jour de printemps, arracher le grand héron bleu à ses occupations silencieuses, disperser les poules d'eau en pataugeant dans la boue jusqu'aux genoux, vous ouvrir une huître de mon canif et vous la faire gober directement à la coquille en disant "Tenez. Ce goût-là, c'est toute la saveur de mon enfance." Je dirais: "Inspirez fort", et vous avaleriez cet air dont la saveur serait inscrite dans votre mémoire pour le reste de vos jours, arôme exquis et sensuel, impudent et fécond des marais, parfum de Sud caniculaire, du lait frais, du sperme et du vin répandus, avec, toujours, un relent d'eau de mer. Mon âme se repaît comme l'agneau de la beauté des terres baignées d'eau de mer.
Quel genre de torture? demanda Luke.
Pour commencer, je leur passerais de la musique classique. Et puis, je leur ferais lire l'intégrale de Jane Austen. Et pour couronner le tout, je les obligerais à subir une opération pour changer de sexe sans anesthésie.
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