- Broché: 208 pages
- Editeur : JC Lattès (3 janvier 2018)
- Collection : Littérature française
- Langue : Français
- Existe en version numérique
Delphine de Vigan a l’art de varier les genres, et ses romans sont autant d’univers différents, plus ou moins intimistes, plus ou moins ancrés dans le réel. On retrouve cependant dans Les loyautés le décor social assez déprimant qui était la marque de fabrique de No et moi. Ados à la dérive, enseignants écartelés entre le bien-faire et le trop faire, parents hors circuit, avec à la clé de la souffrance pour tous.
On est presque dans du Ken Loach, dans une étude assez naturaliste, un état des lieux sans concession, un tableau de la détresse urbaine d’une jeunesse qui a perdu ses repères.
L’alternance des points de vue, crée un rythme intéressant et met bien en évidence l’engrenage diabolique, qui , de décisions en abandons conduit au drame.
C’est assez court mais l’essentiel est dit.
Le ton n’est pas moralisateur. Pas de solution à la clé. On perçoit bien que d’autres options auraient à tout instant modifier le cours des événements.
Les personnages sont réalistes sans être caricaturaux (on aurait aimé que le prof de gym le fut, mais hélas, il n’est pas exclu que de tels figures de profs sévissent réellement dans nos usines à formater la jeunesse).
C’est donc une lecture fort appréciée.
Un soir, le journal télévisé a diffusé un reportage sur une marée noire provoquée par un accident de pétrolier. Nous étions à table. J’ai regardé ces oiseaux, englués dans le mazout, et j’ai aussitôt pensé à nous, à nous tous, ces images nous représentaient mieux que n’importe quelle photo de famille. C’était nous, c’étaient nos corps noirs et huileux, privés de mouvement, étourdis et empoisonnés.
*
Parfois, il se demande si cela vaut vraiment la peine d’être adulte. Si le jeu en vaut la chandelle, comme dirait sa mamie, qui remplit des colonnes d’arguments « pour » et « contre », séparées par un grand trait tracé à la règle, lorsqu’elle doit prendre une décision importante. Lorsqu’il s’agit de devenir adulte, les deux colonnes sont-elles équivalentes.
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