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Dix-sept ans

Eric Fottorino










  • Fournitures diverses: 272 pages
  • Editeur : Gallimard (16 août 2018)
  • Collection : Blanche
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français









Lorsque les écrivains prennent la plume pour évoquer la figure maternelle , pour peu que Calliope, muse de la poésie se soit penchée sur le berceau de l’auteur, le récit fait alors vibrer les âmes, séduites par l’expression sublimée de l’amour filial.


A partir d’une confidence tardive qui révèle un secret de famille bien gardé, l’auteur part à la recherche des vestiges de la jeunesse de sa mère, mêlant ce qu’il en sait et ce qu’il en devine, reconstruisant l’histoire à partir de bribes et de témoignages glanés au hasard. Déambulations sur les lieux historiques , recueil de confidences de témoins jusqu’alors ignorés, le lecteur est guidé sur les traces de la jeune fille, à qui l’on a volé l’enfance pour la condamner deux fois . C’est ainsi que l’auteur tisse  la lame de sa filiation, deux pères, c’est à dire aucun, une famille cependant, mais à jamais amputée d’une enfant dont personne ne savait l’existence. 

Si l’impression première laisse penser que l’histoire s’orientera vers la recherche de cette soeur ignorée, il n’en est rien. C’est bien de ses propres racines que l’auteur explore. Sans juger, en essayant juste de comprendre.

« J’étais le survivant d’une histoire trouble qui nous avait séparés, une histoire douloureuse oubliée à dessein »

La démarche est incontournable, l’auteur ne peut l’éviter : 

« Mon existence en dépendait. Toutes mes pensées affluaient vers une gamine saisie au vif sur la promenade des Anglais, dans ces journées de soleil où elle croyait que l’avenir existait. il était temps de rembobiner le temps. d’aller là où je n’étais jamais  allé , au plus profond l’oubli »

La filiation peut se faire confuse, au point de ne plus avoir de qui l’on parle, de quelle enfant, mère ou fille , d’autant que se mêle souvent l’ombre de la grand-mère, à l’origine de tous ces liens anéantis.

Pour ces deux êtres retranchés derrière un silence affectif lourd de sens, les retrouvailles sont poignantes. Ce qu’il a découvert sur cette petite dame qu’il a côtoyé des années durant, qu’il n’a jamais pu appeler maman, a fondamentalement modifié leur relation, recréant le lien distendu par les non-dits, les impossibles à dire.


C’est ce rapprochement inespéré qui fait surgir l’émotion, et achemine le récit vers un fin bouleversante.



La mémoire voit les choses en grand. L’enfance les repeint en bleu.

*

C'est dans ce silence que nous nous sommes perdus. 
Le silence, il est devenu notre marque de fabrique. 
Depuis des années, ne rien se dire a été notre mode unique de conversation.

*

A chaque séparation une plaie se rouvrait en moi. 
J'étais dispensé d'amour comme on est dispensé de gym





Eric Fottorino est journaliste et écrivain, né en 1960 à Nice

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