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Battling le ténébreux

Alexandre Vialatte








  • Poche : 238 pages
  • Editeur : Gallimard (21 septembre 1982)
  • Collection : L'Imaginaire
  • existe en version numérique
  • Langue : Français












Dès les premières lignes, la mélodie et la fluidité de la langue est saisissante :  c’est un flux harmonieux qui nous incite à découvrir les aventures ces lycéens en pleine révolution hormonale. Jouant les rôles des adultes qu’ils ne sont pas encore, avec la désinvolture de circonstance, ils apprennent les codes d’une vie sentimentale, parfois docile, parfois subie.

Battling est au coeur de l’histoire. Battling, autrement dit Fernand Larache, élève dans un lycée de province. De jolies femmes font des apparitions remarquées dans les cercles étroits de la petite ville, où l’on vit dans le calme des ragots en se remettant des pertes de la guerre passée, sans savoir qu’une autre suivra.

Analyse fine des passions adolescentes, d’autant plus douloureuses qu’elles sont sans filtre, faisant fi de toute raison. Sans compter le désir augmenté par la concurrence des autres jeunes aspirants à l’amour;



Grand plaisir de lecture pour ce roman du début du vingtième siècle.




Quatre heures de l’après-midi. Il est mort.
Il est mort : voici la chambre qui sent les pommes parce qu’elle servit autrefois de resserre pour les fruits ; voici le « calendrier du facteur » où les spahis passent l’oued sur un couchant rouge, et une femme porte une amphore, tournée vers eux ; voici les objets qui t’appartinrent, plus émouvants, plus accusateurs, plus grands déjà, plus symboliques : la montre d’or de ta première communion, le paroissien vert, le stylographe où tant de fois s’imprima la trame merveilleuse de tes doigts moites, délicate, mystérieuse et compliquée comme une empreinte de fougère dans la houille ; voici tes yeux fermés, Battling, et tes mains vides, et cette pauvreté parfaite, ce dénuement déchirant des cadavres, devant quoi l’on est sans recours. Battling, Battling, ne nous cache rien par ton silence, Battling, est-il vrai que tu sois mort ?

*

Cette dérision monotone dura longtemps ; quand on croyait que c’était fini, la chanson renaissait de ses cendres comme un feu qui ne veut pas mourir, s’allumait, montait, pétillait, tombait, repartait encore. Enfin, lorsque le silence régna et qu’il fut bien entendu de tout le monde qu’il n’était plus du tout question de recommencer l’escarpolette, Ubu se leva pesamment, sortit un clairon de sa poche et, tourné vers les quatre points cardinaux, sonna quatre fois le réveil en fantaisie. 



Alexandre Vialatte, né le 22 avril 1901 à Magnac-Laval (Haute-Vienne) et mort le 3 mai 1971 à Paris, est un écrivain français.





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