Elle est peuplée de Monuments, de Monstres et d’une Elfe aussi fantasque que son thérapeute, celui qui raconte, et montre bien la difficulté de faire la part des choses, lorsque la folie le dispute à la poésie. La frontière est bien ténue, il suffit parfois juste d’un costume pour les distinguer.
Laurent Pépin possède bien son sujet et sait le parer d’une empathie précieuse tout en jouant jouer avec les mots qui cachent bien leur jeu.
On pense à Boris Vian, c’est certain, pour la créativité du langage et l’imagination au pouvoir.
C’est court mais suffisamment développé pour dire l’essentiel sans lasser.
L’histoire d’amour un peu folle alterne avec l’histoire familiale beaucoup noire celle-là, de celle qui aurait pu traîner dans son sillage la folie résiduelle des traumatismes de l’enfant abusée.
Merci beaucoup Laurent pour m’avoir proposé » la découverte de cet écrit lumineux.
Je voulais lui en parler. Ça me fait toujours bizarre de ne pas savoir comment l’appeler. Elle disait qu’elle n’avait pas de nom mais que je pou- vais l’appeler comme je voulais. Ce soir-là, j’au- rais voulu qu’elle ait un nom. Parce qu’elle n’était pas là et que je voulais l’appeler.
Souvent, quand je ne la voyais pas, je commen- çais simplement à lui parler comme si elle était dans la pièce et elle apparaissait. Je ne me suis jamais vraiment demandé comment elle faisait. C’était une Elfe, après tout. C’est ce qu’elle m’avait dit. Je n’avais pas de raison de ne pas la croire.
*
Depuis toujours, j’ai du mal à établir des contacts avec les gens « normaux ». Quand je suis dans le trou noir, la tronche à l’envers, avec l’envie d’en- gueuler le vent et les oiseaux, je me dis parfois que ce sont des modèles en série, des ersatz, des brumes floues, sans consistance.
Laurent Pépin est psychologue clinicien de profession. Il est né en 1980 et réside à Saintes, en Charente-Maritime."Monstrueuse féerie" (2020) est son premier texte publié.
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