Marie Claes
D’abord, se proclamer végétarienne : une revendication dans l’air du temps. La brèche s’ouvre ainsi, le contrôle nécessaire pour ne pas se fourvoyer dans le choix des aliments paraît légitime. Mais c’est déjà l’occasion de pouvoir se passer de certains plats, et tant mieux s’il n’y a pas d’alternative.
Vient le temps des comptes, précis, minutieux, et de l’analyse pointue des associations. La gestion est envahissante mais extrêmement gratifiante, car elle s’associe à une vertigineuse descente des chiffres sur le pèse-personne. Avec un déni insolent !
Le cercle vicieux est là, le processus est enclenché, et les injonctions de lâcher-prise d’autant plus inefficaces que le mal repose justement sur une absence totale de mise à distance.
Les effets sur l’entourage, la famille proche, les recours inutiles à différents spécialistes sont abordés, mais c’est surtout le raisonnement propre de l’adolescente qui est analysé.
Chronique d’une descente aux enfers, difficile à prévenir, et à juguler. C’est aussi beaucoup de souffrance, qui rayonne autour de ces jeunes filles, prises dans un engrenage mortifère.
Le sujet est maitrisé, sans doute vécu ou côtoyé de près, mais le texte est assez détaché sur le plan émotionnel. Effet peut-être voulu, mais qui s'incite pas à l'empathie.
192 pages Autrement 5 janvier 2022
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