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Légère ⭐️⭐️⭐️

 Marie Claes











D’abord, se proclamer végétarienne : une revendication dans l’air du temps. La brèche s’ouvre ainsi, le contrôle nécessaire pour ne pas se fourvoyer dans le choix des aliments paraît légitime. Mais c’est déjà l’occasion de pouvoir se passer de certains plats, et tant mieux s’il n’y a pas d’alternative.

Vient le temps des comptes, précis, minutieux, et de l’analyse pointue des associations. La gestion est envahissante mais extrêmement gratifiante, car elle s’associe à une vertigineuse descente des chiffres sur le pèse-personne. Avec un déni insolent !


Le cercle vicieux est là, le processus est enclenché, et les injonctions de lâcher-prise d’autant plus inefficaces que le mal repose justement sur une absence totale de mise à distance. 


Les effets sur l’entourage, la famille proche, les recours inutiles à différents spécialistes  sont abordés, mais c’est surtout le raisonnement propre de l’adolescente qui est analysé.


Chronique d’une descente aux enfers, difficile à prévenir, et à juguler. C’est aussi beaucoup de souffrance, qui rayonne autour de ces jeunes filles, prises dans un engrenage mortifère.


Le sujet est maitrisé, sans doute vécu ou côtoyé de près, mais le texte est assez détaché sur le plan émotionnel. Effet peut-être voulu, mais qui s'incite pas à l'empathie. 


192 pages Autrement 5 janvier 2022





C’est venu à elle très soudainement un soir en se couchant, elle peut dater le jour exact et mettre en mots la certitude : c’est autrement qu’il faut manger. C’est sans sucre. C’est sans gras. C’est moins. C’est au plus près de l’essence des choses. L’appel a été si fort et l’aventure si attractive qu’elle a obtempéré, ça doit avoir quelque chose à faire avec l’intuition et on ne plaisante pas avec ces choses-là. L’épreuve d’une journée à se nourrir exclusivement selon cet état d’esprit lui a été tant agréable qu’elle a comparé l’événement à une révélation. Depuis, elle s’applique à classer les aliments selon qu’ils sont essentiels ou superflus, en conséquence de quoi il lui a semblé tout à fait évident d’éliminer la viande, inutilement riche, vous suivez la réflexion.

*

Les reproches, c’est miraculeux, dans le réel n’atteignent pas les absents ou les presqu’absents. Ils couvent dans la gorge, quitte à sortir ailleurs et autrement, dans la douleur. On les décharge même parfois sur les présents. L’absence est un tort pratique. La présence de Violette, remerciée chaque jour, prend aussi très cher – pratique, quand on est là seulement un dimanche sur deux.






Née à Bruxelles en 1991, Marie Claes a enseigné la philosophie avant de devenir libraire. Légère est son premier roman.




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