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Sur les ossements des morts ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Olga Tokarczuk










Au coeur de l’hiver, dans un environnement  particulièrement triste et rude, Janina est réveillée en pleine nuit par son voisin, qui lui demande de le suivre, pour se rendre dans une maison voisine, où git un cadavre. Celui de l’homme qu’elle appelait Grand Pied. Sans tenir compte des connaissances de base que tout amateur de séries policières n’ignore plus, ils s’arrangent pour que l’homme ait une allure décente lorsqu’il sera découvert. De toute façon, l’origine de la mort est claire : il s’est étranglé avec une petit bout d’os. Pour Janina cependant, ceci est la preuve que les animaux sauvages, traqués par les chasseurs, se sont vengés.  


Bien entendu, la police ne prête pas attention aux élucubrations d’une vieille folle. De même lorsque l’on découvre un autre chasseur, tombé dans un puits, avec des traces de coups sur le crâne; 


Il faudra une troisième mort pour que les autorités locales finissent par douter de la thèse d’une coïncidence.


C’est en premier lieu une profonde sympathie que suscite ce personnage fantasque mais déterminé qu’est Janina. Elle a de nombreux points communs avec une de mes héroïnes cultes, qu’est Maud, du roman adapté en film Harold et Maud. Irrévérencieuse et suffisamment aguerrie par la vie, rien ne lui fait peur et elle ne manque pas de faire part à qui veut l’entendre de ses soupçons de complot animalier.


C’est un roman remarquable, pour l’histoire (même si on se doute assez rapidement de ce qui s’est passé, et peu importe, la résolution de l’énigme n’est pas le principal), pour les personnages et surtout celui de la narratrice et pour cette belle écriture d’une autrice Prix Nobel et reconnue à juste titre dans son pays. 


288 pages Libretto 1er  octobre 2020

La caverne des lecteurs 









Je suis à présent à un âge et dans un état de santé telle que je devrais penser à me laver soigneusement les pieds avant d'aller me coucher, au cas où une ambulance viendrai me chercher en pleine nuit.


*


Grâce à lui, les troncs d'arbres me dévoilaient leur mystère. Les grumes les plus ordinaires étaient en fait le royaume de diverses créatures qui  y creusaient couloirs, chambres et passages dans lesquels elle déposaient leurs oeufs précieux. Les larves n'étaient certes pas très jolies, mais j'étais émue par leur crédulité : elles confiaient leur vie aux arbres sans même se douter que ces grandes plantes immobiles étaient  au fond très fragiles et entièrement dépendantes de la volonté humaine. Il était affreux d'imaginer les larves en train de brûler.



*


J’errais  dans la maison, sans but précis, incapable d'entreprendre une activité. Je me parlais à moi-même, sachant pertinemment que quelque chose ne tournait pas rond chez moi. J'étais attirée par mes grandes fenêtres – je me mettais  devant, sans pouvoir détacher les yeux du spectacle qui se déroulait dehors : des herbes rousses ondoyaient, dansant au gré d'un vent invisible. Les taches de verdure se déclinaient en une multitude de tons différents. Songeuse, je me perdais dans mes pensées des heures durant.








Olga Tokarczuk est une romancière et essayiste polonaise, née en 1962.

Elle a obtenu le Prix noble de littérature 2018.









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