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La petite-fille

 Bernhard Schlink 











Alors qu’il vient de perdre la femme qu’il aimait, le narrateur tente de comprendre l’énigme qu’elle a toujours été à ses yeux. Elle a fini sa vie embrumée dans les vapeurs d’alcool, rongée par un mal qu’il n’a jamais pu déchiffrer. Il revient sur leur histoire, leur rencontre en 1964 à l’occasion d’échanges entre étudiants des deux Allemagnes. Elle était prête pour tenter la fuite vers l’est, il l’aimait suffisamment pour s’endetter en faux papiers et l’accueillir dans sa vie. Ils ont vécu une vie de couple, mais n’ont jamais eu d’enfants, Brigit n’en voulait pas.


Ce que découvre  Kaspar lorsqu’il parvient à accéder aux fichiers de l’ordinateur de son épouse est bien au-delà de ce qu’il pouvait imaginer. Brigit a eu un enfant qu’elle a confié à la naissance à la femme qui l’a aidée à accoucher.


S’en suit pour Kaspar un périple pour retrouver sa  fille, que Brigit imaginait être une « jeune femme heureuse, pleine d’énergie et de joie de vivre ». Celle-ci est aussi devenue mère …



Passionnant, par l’analyse argumentée et précise de cette période complexe de la séparation de l’Allemagne, par l’aspect historique et politique vu à hauteur de ceux qui l’ont vécue.


La dernière partie est magistrale : la tentative de Kaspar de sortir sa petite fille du milieu qui l’a formatée est bouleversante. 


On est pris dans cette histoire d’amour filial, de réparation, et de pardon. Le sujet est très original et sert de support à une immersion passionnante dans ce qui fait le terreau de l’Allemagne contemporaine avec ses dérives extrémistes héritées d’un passé peu glorieux. 


352 pages Gallimard 2 février 2023

Traduction (Allemand) Bernard Lortholary










Elle avait un visage de vieux. Elle était vieille. Mais ce visage bien à elle était celui qu'il aimait.


*


Il y avait des gens mélancoliques, il y en avait toujours eu, c'était son cas. Elle ne voulait pas se laisser transformer en quelqu'un d'autre à coups de médicaments. Que tout le monde doive être équilibré et fiable, c'était une aberration de la modernité.


*



Lui revint à l'esprit la promenade en forêt qu’avait fait avec lui son grand-père au cours de laquelle il lui avait montré comment en hiver, tout était déjà prêt pour l'été. Il avait ouvert avec un canif un bourgeon brun à l'extrémité d'une branche brune, et l'on y voyait les feuilles qui en été donnerait à la forêt sa splendeur de verdure, tout était déjà là, vert, pale, minuscule, replié l'un dans l'autre. Cela lui était apparu comme un miracle.





Bernhard Schlink

Bernhardt Schlink est un écrivain allemand né en 1944. En 1995, il publie "Le liseur" ("Der Vorleser"), un roman partiellement autobiographique. Ce livre devient rapidement un best-seller et est traduit dans 37 langues. Il a été le premier livre allemand à arriver en première position sur la liste de best-sellers publiée par le New-York Times.



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