Abonnés

La végétarienne ⭐️⭐️⭐️⭐️

Hang Kang  











« Avant que qu’elle ne commençât son régime végétarien, je n’avais jamais considéré ma femme comme quelqu’un de particulier ».


L’homme qui parle se définit lui même comme quelqu’un de parfaitement ordinaire, sans ambition, sinon celle de ne pas se démarquer. Cette épouse sans relief a été un choix en harmonie avec son caractère passe-partout.


Mais voilà, la décision soudaine de ne plus manger de viande bouleverse l’équilibre du couple mais aussi de la famille entière.


A partir de cet événement qui pourrait être un incident banal de l’évolution de cette famille, les conséquences aussi absurdes que dramatiques vont s’enchainer, faisant glisser le roman au départ assez lisse vers une noirceur impressionnante. Certaines scènes révèlent des faits violents passés mais aussi présents, qui laissent sans voix.


Un deuxième personnage entre alors en scène et pas des moindres. Le beau-frère de la végétarienne est vidéaste et veut filmer son obsession, la tache mongoloïde  que celle-ci porte au bas de son dos. Dans une mise en scène particulièrement érotique…


La troisième partie est consacrée à Inhye, la soeur de la végétarienne et l’épouse du vidéaste, cernée par la folie de ses proches..



Roman d’ambiance, original, et mené de main de maître, qui laisse des traces en mémoire, appelées à y rester longtemps. Malgré le détachement apparent que confère le style, les mots sont choisis pour faire passer des émotions profondes. De la violence sans exhibitionnisme, un érotisme ambiant, sans exhibitionnisme, et un art de raconter étonnant.


216 pages livre de poche 2 mars 2016

Prix Nobel 2024







 

Quand je coupe la tête à quelqu’un dans mon rêve, quand je suis obligée de finir le travail en le tenant par les cheveux tandis qu’elle ne tient que par un lambeau de chair, quand je pose ses yeux glissants sur la paume de ma main, quand je me réveille, quand l’envie me prend de tuer le pigeon que je vois se dandiner sur l’appui de fenêtre, d’étrangler le chat du voisinage que je connais depuis longtemps, que je sens mes jambes fléchir et que je transpire, quand j’ai l’impression que je suis devenue quelqu’un d’autre qui jaillit du fond de moi pour me dévorer, à ces moments-là…


*


Grande sœur, je me tenais sur les mains, des feuilles poussaient sur mon corps, des racines surgissaient de mes mains… Je m'enfonce dans la terre, encore, encore… Oui, comme si des fleurs allaient s'ouvrir, j'ai écarté les cuisses, je les ai largement ouvertes…


Née en 1970 en Corée du Sud, Han Kang ou Han Gang est une romancière sud-coréenne. Lauréate du Prix Nobel de littérature 2024 (première femme asiatique à l’obtenir).




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article le plus récent

La végétarienne ⭐️⭐️⭐️⭐️