Jeanne Rivière
La Lorraine déshéritée est un terreau littéraire fertile de cette dernière décennie. Avec Nicolas Mathieu, prix Goncourt, en tête de file (à qui Jeanne Rivière rend hommage dans les pages de ce roman).
Avec beaucoup d’humour et de malice, l’autrice donne la parole à une narratrice, championne de la débrouille, pas toujours dans les clous, mais décomplexée. Quand elle quitte le bureau 48, où elle remplit des tableaux Excel pour l’université, elle rejoint le plus souvent possible ses amis musiciens, pour donner des concerts improvisés, ou sa copine adepte de BDSM. Le temps qui reste est consacré à Tarzan, son fils ado.
C’est aussi drôle que désespérant, l’humour est un ciment qui permet à l’ensemble de rester debout, malgré la récolte sous-jacente et légitime. S’en sortir quels que soient les moyens quand rien n’est à espérer de qui que ce soit.
Et pour atténuer ce cri de rage, un épisode aquatique à chaque fin de chapitre.
J’ai lu avec un grand plaisir ce court roman piquant et acide, avec une vraie patte littéraire !
192 pages Gallimard 12 janvier 2025
Je suis une mère pélican. Il rentre. Je le protège. Bien sûr que non, mais en tout cas j'en ai le fantasme. Tant de choses sont hors de mon contrôle.
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La petite enfance de mon fils était un sacerdoce. Une merveille. Une élégie. Un encombrement des bronches. Une voiture contre un mur avec un pied sur la pédale d'accélération. Un soleil qui brûle en permanence, trop fort, trop loin. Qui irradie tout. Qui te défonce la peau, les yeux, les tripes, l'utérus, le périnée, en plus des vergetures plein le bide.
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C'est dangereux, l’éclampsie, ça fait des crises convulsives, potentiellement fatales, provoquées par une hypertension artérielle intracrânienne chez la mère. Pis à la fin tout le monde meurt.
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Ça me rappelle cette journaliste, qui expliquait qu'une femme de ménage, lui était indispensable pour avoir davantage de temps disponible avec ses enfants et d'autres activités plus enrichissantes. C'est sûr que la femme de ménage, elle, a rien à mieux à foutre que de laver la merde de celles qui veulent avoir du temps pour enseigner la déconstruction à leur marmaille.
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Chez mes darons, les oreillers sont bien plus élimés que les miens et le garnissage fait comme des petites boules. Et ils gardent le souvenir de plusieurs générations de têtes, mais pas celui de mon crâne la nuit dernière.
Jeanne Rivière vit à Metz et joue de la batterie dans des groupes punk (Salo, Catacombes, Tranchées).
Elle travaille comme secrétaire dans un établissement scolaire. Lorraine brûle est son premier roman.
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