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Ces rêves qu'on piétine

Sébastien Spitzer









  • Broché: 304 pages
  • Editeur : Les éditions de l'observatoire (23 août 2017)
  • Collection : LITTERATURE/SC.
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français









Gros plan sur une période maudite de notre histoire : au moment de la libération des camps de la mort. Deux focus : la cavale d’une mère et de sa fille, tandis que un cahier de fortune se passe de main en main, témoignage de l’horreur, mais aussi outil de solidarité. C’est là que la  réalité se mêle à la fiction, le but ultime étant de faire parvenir ces écrits à Magda, l’épouse de Goebbels, alors que l’édifice mortifère construit par quelques illuminés, suivis par les hordes bêlantes  s’écroule de toute part.

Lorsque l’histoire a déjà été maintes fois racontée, c’est l’écriture qui fait la différence. Et là elle est particulièrement efficace  : les phrases courtes, cinglantes, témoignent de l’affolement général, qu’il concerne les fuyards, traqués jusqu’au dernier moment, dans l’urgence de faire disparaître les preuves, ou les libérateurs, qui découvrent abasourdis l’étendue du désastre.


En contraste, le personnage de Magda reste placide, résignée, et prête à accomplir le pire des crimes, et pourtant encore attentive à un détail vestimentaire en songeant à une gloire déchue. 
C’es sans doute celle qui est décrite avec le plus de précision;

La petite Ava, figure centrale du roman, est esquissée, comme une allégorie, une icône de ces enfants nés en captivité. Et elle est un point d’ancrage solide du récit, alors qu’autour d’elle ses repères sont mouvants.

C’est aussi un bel exploit que de créer une ambiance de thriller, par la convergence des deux histoires et l’attente de ce qui va les lier.


Un premier roman percutant, poignant, qui mêle adroitement l’histoire vérifiée sur des textes solides et fiction à travers des personnages à la fois fragiles et denses. 



Elles ne veut pas mourrir comme les autres gosses du camp. Certains mouraient avant de savoir marcher. D'autres crevaient cachés. Elle a eu une bonne mère qui a su la protéger. Elle est partie maintenant avec ceux du rouleau. Elle voudrait que son histoire s'envole, qu'elle n'ait jamais de fin, de mots pour l'achever. Elle a si peur des mots figés dans ce rouleau.

*

Mais, maman, l’oncle Adolf dit que…
— Il faut le laisser tranquille. Il est fatigué !
— … qu’on a perdu ! »
Magda pense qu’une mère doit rassurer ses petits. Les propos de sa fille sont hors-jeu.

*

Son nom sonnait comme une onomatopée, un bruit de bulle, de globule qui s'achevait en queue de poisson sur une sifflante diphtérique. Goe-bbe-lssss.

















Après l’IEP, Sébastien Spitzer  a effectué son service militaire au SGDN (Renseignement militaire) au sein du pôle Affaires internationales et stratégiques (Soudan, Afghanistan). Il est journaliste et a travaillé pour Jeune Afrique, CAPA TV, Marianne, Arabies….
Sébastien Spitzer est le lauréat du Prix Stanislas 2017 pour "Ces rêves qu'on piétine" son premier roman paru aux éditions de l'observatoire.

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