- Broché: 256 pages
- Editeur : Gallimard (7 février 2019)
- Collection : Blanche
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Suiza est une jeune femme qui débarque un jour dans le décor d’un village espagnol, traitant avec elle une lourde charge de souffrance passée. Jugée idiote, ses origines françaises créant un écran d’incompréhension réciproque avec le cafetier qui l’héberge, et ne se limite pas à lui fournir vivre et couvert : l’exploitation d’une jolie femme sous-entend des services en nature qui déclencherait la hargne des réseaux sociaux féministe (à juste titre).
Le jour où le narrateur croise son regard, les jeux sont faits. C’est une déflagration soudaine, une passion animale, instinctive, totale, qui s’exprime dans une grande violence que vient contrebalancer la force de cet amour. Eros règne en maître, alors que Thanatos rode. Histoire d’amour et de mort, intemporelle, universelle.
C’est superbement écrit, avec une plume dense, réaliste et imprégnée de la passion qui unit les deux personnages. On aime aussi la clairvoyance des femmes qui interviennent avec délicatesse, comme des directeurs de conscience, écoutées et respectées.
C’est le contraste entre la violence exprimée et dite, et la subtilité des messages délivrés qui fait de ce roman un écrit hors norme. S’il existe des indices permettant d’identifier l’auteur sur le plan du genre, c’est ici impossible.
Sans la révéler, j’ai détesté la fin.
Les femmes, même dans la misère social ou affective, restaient moins abîmées que les hommes. Malgré le manque, le vide, la solitude, il leur restait toujours un peu d'amour à donner, comme si elles naissaient avec un stock plus important, dès le départ.
*
Vos deux faiblesses mises ensemble, ça fait quelque chose de solide, une petite paire d'inséparables. C'est pas souvent, mais des fois, quand tu mélanges bien deux malheurs, ça monte en crème de bonheur.
*
Il y a des gens qui naissent pour souffrir, Tomas, et d'autres pour qui la vie est du miel. Peut-être que d'autres vies te seront bien plus douce. La souffrance te fait ce que tu es, comme un arbuste de la sierra, poussé de travers à cause du vent trop fort.
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