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Murène

Valentine Goby












  • Broché : 384 pages
  • Editeur : Actes Sud Editions (21 août 2019)
  • Collection : Domaine français
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français












Gros coup de coeur pour ce roman qui va me hanter longtemps!

Pour l’histoire qu’il conte, une tragédie épouvantable qui vient faucher un destin prêt à éclore, et de la façon la plus terrible. Je me suis tellement glissée dans la peau de ce personnage, qu’après une séance de lecture, c’est avec beaucoup de bonheur que j’ai constaté que je disposais de deux membres supérieurs fonctionnels et sacrément utiles! On partage ses souffrances multiples, physiques et psychiques, on le soutient dans ses efforts, parfois vains,  de repousser ses limites, et on suit à son entourage, blessé lui aussi de ne pouvoir l’aider sans l’humilier.

L’auteur explore aussi les réactions de tous ceux qui de près ou de loin constatent le manque : les soignants, qui font ce qu’ils peuvent avec plus ou moins de délicatesse, limités eux-aussi dans leurs possibilités thérapeutiques (nous sommes dans les années 50), la famille, effondrée, aimante, envahissante parfois, les rencontres aléatoires, comme l’écrivain public, et puis la foule des témoins anonymes, dans la rue, entre dégoût et compassion…

C’est aussi l’histoire d’une reconstruction, inouïe,  presque qu’inconcevable mais qui advient, malgré tout, après les étapes de sidération, puis de révolte. 


Une reconstruction personnelle qui va jusqu’au plus tard jusqu’au prosélytisme, avec la volonté de tirer d’affaires d’autres blessés de la vie.

Et si cette histoire m’a tellement cueillie, émue, bouleversée, c’est grâce à la magie de cette écriture, riche, envoutante, tellement juste. On ressent l’empathie qu’elle éprouve pour ses personnages, qui transparait parfois en clin d’oeil, lorsqu’elle s’excuse auprès d’eux de leur faire subir un tel sort.


Une superbe découverte, et un classement dans mon top 3 personnel de cette année.





J'écris sur le pari de vivre, les métamorphoses qu'il engendre, et le réel n'est pas moins cruel que la fiction dans son obstination à défier notre préférence pour la vie.

*

...et s'il le pouvait sans doute, comme le médecin expert, ill me fusillerait du regard, moi l'auteure, parce quel désarticulation scapulo-humérale ne lui laisse aucune chance et qu'il n'existe pas encore de prothèse myoélectrique pur venir à son secours.

*

Tard dans la nuit, le front en sueur, les yeux injectés de sang, ils raconteront à François, Robert et Mum en pyjama dans la cuisine la confusion complète, les coups, la dispersion forcée en direction de boulevard Voltaire et Charonne, les hurlements, l'écrasement de la foule, un peu plus loin, invisible, et la rumeur qui court que la bouche du métro s'est refermée en piège et qu'il y a des morts. Dès le lendemain on ne désignera plus tout ça que d'une métonymie glaçante :  Charonne. Le jour de Charonne. Des centaines de blessés et huit morts, sous les bouts de grilles et morceaux de fer lancés par la police. Charonne sonne comme charogne, dira Sylvia. Ce sera le jour où, pour François, la colère lointaine rejoint l'intime.











Valentine Goby est une écrivaine née en 1974

Après des études à Sciences Po, elle a vécu trois ans en Asie, à Hanoï et à Manille, où elle a travaillé pour des associations humanitaires auprès d'enfants des rues. Elle a commencé sa carrière professionnelle chez Accenture où elle a travaillé en Ressources Humaines de 1999 à 2001.

Elle publie son premier roman en 2002 chez Gallimard : "La Note sensible", qui obtient le Prix René-Fallet 2003. 

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