Paul Fournel
Ce n’est ni un vêtement féminin d’intérieur, ni un coupe-papier, et encore moins une silhouette «au bleu de la croisée», mais bel et bien cet engin high tech qui est en train de révolutionner le comportement des lecteurs mais aussi d’ébranler les fondements du monde de l’édition, même si des îlots d’irréductibles tourneurs de pages à la main résistent encore à l’invasion.
Cet instrument (sans doute une tablette fruitée si l’on en juge par le poids) se retrouve entre les mains d’un éditeur perplexe. Comme pour un fumeur repenti, la gestuelle est à réinventer : il n’est plus question de «tenir les feuilles posées sur son ventre puis de déposer ses feuilles lues sur sa poitrine pour sentir le poids du travail accompli». Et comme un malheur n’arrive jamais seul, une bande de stagiaires geeks font irruption dans son paysage professionnel. Il n’en faudra pas plus pour que les idées fusent pour réinventer la lecture à l’aide de la technologie et en accord avec la demande (du rapide, du vite consommé, vite oublié).
Ce roman est assez drôle même si j’ai eu la sensation de passer à côté d’allusions cryptées obscures quand on ne fréquente pas de façon intime le monde de l’édition. Est-ce également la contrainte formelle que s’est imposée l’auteur oulipien (texte en forme de sextine, forme poétique complexe dont les règles sont expliquées à la fin de l’ouvrage) et que j’aurais été incapable de repérer sans en avoir été avertie, toujours est-il qu’il transparaît une construction un peu artificielle.
Le roman ne lance pas le débat papier ou électronique, mais envisage les conséquences possibles d’une telle évolution. Devra-t-on envisager la création d’un ministère pour la sauvegarde des textes littéraires comme l’a imaginé Jasper Fforde dans la série des Thursday Next, pour éviter que la madeleine de Proust ne se transforme en petit-beurre?
Bien entendu, j’ai parcouru ce texte sur ...une liseuse
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire