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Miss Jane

Brad Watson









  • Nombre de pages de l'édition imprimée : 304 pages
  • Editeur : Grasset (5 septembre 2018)
  • Langue : Français
  • Traduction (Anglais) : Marc Amfreville










Est-ce le hasard? Est-ce la conjonction d’un état d’ébriété pour  l’un et l’inconscience chimique pour l’autre , qui ont permis que malgré son âge, la sévère Mme Chisolm mette au monde une enfant que l’on sait d’emblée différente.  Et pourtant, les années qui passent confirment qu’elle est jolie, intelligente. Alors qu’est-ce que qui la met en marge de la communauté des gens ordinaires? On le sait d’emblée, une malformation la prive du contrôle de ses sphincters, à une époque , la première moitié du vingtième siècle, où la chirurgie n’est pas encore capable de corriger les erreurs de la nature . Elle devra sa vie entière vivre avec cette infamie qui l’isole dans un monde d’odeurs infamantes.

Centré sur la vie intime de Jane, le roman se déroule dans le Mississipi, et Jane naît en 1915.
Outre la subtile analyse de la construction psychique de cette jeune fille différente, Brad Watson dépeint une Amérique profonde, isolée de l’agitation citadine, et pourtant impactée elle-aussi par les balbutiements d’une économie dont le fragile modèle expose les plus démunis aux risques de la faillite. 

C’est avec beaucoup de  pudeur  que l’auteur aborde ce sujet délicat. Il parvient ainsi à nous la rendre éminemment attachante, et l’on regrette que la hasard qui la fait naître à cette époque la prive d’une existence parfaitement normale. 
C’est dans une famille blessée que grandit la fillette, auprès d’une mère froide et d’un père intempérant.
C’est donc aussi un état des lieux de la médecine , incarnée par le Dr Thompson , le médecin de famille qui compense sa solitude et ce que l’on appelait pas encore la charge de travail, à l’aide de breuvages fermentés artisanaux et donc hautement délétères. 

Il se dégage de ce roman une bienveillance amène, malgré un sujet difficile, que l’auteur parvient à traiter avec subtilité.


Merci à Netgalley et aux éditions Grasset  pour leur confiance .



Jamais on n'aurait cru qu'une personne affligée d'une telle malformation fût ou pût être joyeuse, qu'elle ne se laissât pas aller à la mélancolie ou qu'elle n'eût pas le goût du malheur.

*

Elle décida qu'elle vivrait comme n'importe quelle fille, du mieux qu'elle pourrait, et quand cela se révéla impossible , elle s'adapta aux conditions particulières de son quotidien en conséquence. Et donc elle ne craignait pas sa propre singularité, même si la conscience qu'elle en avait s'intensifia et évolua au fil des ans.



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