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Varsovie Les Lilas

Marianne Maury Kaufmann








  • Broché: 171 pages
  • Editeur : Héloïse d'Ormesson (17 janvier 2019)
  • Langue : Français
  • Existe en version numérique























Francine. Elle a tout de la mégère, acariâtre, solitaire par choix, distribuant in petto ses commentaires acides à quiconque croise son chemin. Le  stratagème qu’elle utilise pour établir le contact avec ses congénères, les heurter physiquement, la contraint à arpenter les petites rues, pour que cet « accident » paraisse naturel ! 

« Francine échange surtout avec ceux qu’elle tamponne dans les rues. Elle tamponne puis présente ses excuses auxquelles on répond, et c’est déjà une voix qui s’adresse à elle »

C’est dire l’étendue de sa solitude. Les relations avec sa famille, sa fille, se sont construites sur des malentendus, ces méprises ordinaires qui animent dramatiquement les rencontres festives imposées par le calendrier. 

Et puis, l’irruption soudaine d’une curieuse femme en vison et bottes militaires, croisée au cours des multiples trajets en bus qui emplissent ses journées, va totalement changer le quotidien assez désespérant  de la vieille femme.

Malgré l’insistance (volontaire) de Marianne Maury Kaufmann pour dresser un portrait négatif de son héroïne, il est impossible de la détester. Et même impossible de ne pas l’aimer. Même si peu à peu on ne découvrait pas les douloureux souvenirs qu’elle porte, le veuvage, la Shoah, Francine incite à l’empathie. On n’arrive pas à y croire, à cette méchanceté affichée et ostentatoire. 

Cela parle de la vieillesse, du poids de l’histoire, petite ou grande, de la solitude, mais cela reste lumineux. La plume délicate et sensible de l’auteur rend possible ce qui pourrait sembler une gageure, éprouver une grande tendresse pour un personnage négatif.


Challenge rentrée littéraire 2019
68 premières fois



Francine ne peut pas admettre que les seniors soient ses contemporains. Elle déteste leur odeur, leur regard, leurs précautions. Celui-ci, elle pourrait le pousser, le faire tomber, lui arracher son bavoir, le bourrer de coups. Elle a bu beaucoup trop de café.

*

Le chant engloutit le bruit de la circulation qui s'infiltre par la fenêtre ouverte et il enveloppe tout, comme un velours. Les premières notes, tourmentées, sont suivies par d'autres, plus colériques, et bientôt il semble à Francine avoir quitté son corps et être devenue le calice où elles se précipitent.

*

D'une main, Francine touche la peau de l'autre main. Du bout des ongles. Elle longe chacun de ses doigts, sur le dessus, la peau fanée, transparente. Puis elle passe de l'autre côté et sillonne le gras de sa paume, sa paume qui a si peu caressé. Qu'est-ce qui est le plus triste? Ne pas avoir donné de caresses, ou n'en avoir pas reçu?

*

Noël finit par arriver. Noël finit toujours par arriver - presque en catimini pour les solitaires, mais on y est tout de même, sous une bruine qui mouille les poubelles pleines et les SDF.






Marianne Maury Kaufmann habite et travaille à Paris. 

Après des études d’architecture et passionnée par la peinture, le dessin, elle décide de percer dans cet univers et devient donc illustratrice. 

Elle est publiée en Belgique et en France. Elle aime ses enfants, ses copines, la peinture, les grande villes.

On la retrouve en presse magazine et dans l’édition, que ce soit l’édition jeunesse ou encore l’édition d’ouvrages de vulgarisation scientifique sans oublier également des peintures personnelles.

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