- Broché: 350 pages
- Editeur : JC Lattès (21 août 2019)
- Collection : Littérature française
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Le titre attire l’oeil : l’exotisme du prénom avec son accentué et le mystère qu’évoque le patronyme, voilé d’un possible mutisme sont prometteurs.
Reconstituer une biographie à partir de quelques documents énigmatiques et des témoignages nébuleux et invérifiables, passés à travers le sas d’une mémoire infidèle est pourtant une tendance en vogue en littérature contemporaine.
On découvre donc avec les premières chapitres que la narratrice Cléo ressent la nécessité d’élucider les circonstances de l’émigration de son grand-père, Adrián Silencio, qui a fui l’Espagne fasciste en 1936. Quelques photos, des lettres, des documents officiels classés dans un cartable de cuir sont le point de départ de récit.
Est-ce en raison du peu de matière à traiter, car l’histoire est au final assez banale, et le fait que le grand-père fut un musicien doué n’est pas suffisant pour créer la fascination? Le récit se perd en conjectures et en introspection spéculative, et devient vite lassant. C’est dommage car la démarche est louable et la quête obstinée des origines aboutit à une issue plutôt réjouissante.
Pas question non plus de pointer la responsabilité de écriture , car celle ci est empreinte d’une belle sensibilité et une maitrise de l’art de trouver la formule.
Ce récit trouvera sûrement son lectorat, dont je ne fais pas partie, à mon grand regret.
Il y a ce que je sais, ce que je crois, ce que je crois savoir, et évidemment tout ce que je ne sais pas et tout ce que je ne saurais jamais. Quelques photos aussi.
*
Ai-je le droit?
Ai-je le droit de déterrer les souvenirs qu'un homme a mis une vie à ensevelir? Le nom d'une femme qu'il a voulu effacer. Ai-je le droit de toucher à l'image de lui-même qu'il a esquissée et transmise au fil des ans?
*
Je bûche ma grammaire, consigne au vol tournures et expressions idiomatiques, corrige ma prononciation, la jota qui racle la gorge, le c comme un cheveu sur la langue, je m'envole comme si j'avais toujours entendu et pratiqué cette syntaxe familière, je connais, je reconnais, je me souviens, puis je bute, je bloque, mais à chaque nouveau mot, il me semble découvrir le nom d'un membre de la famille jusqu'ici caché, comme lorsque j'avais assemblé pour la première fois les lettres S.O.L.E.D.A.D, dont j'apprends aujourd'hui la signification : solitude.
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