- Broché: 208 pages
- Editeur : Les escales éditions (29 août 2019)
- Existe en version numérique
- Langue : Français
- Traduction (Espagnol) Isabelle Gugnon
Si l’on s’en tient au résumé de la quatrième de couverture, il est fort à parier que le lecteur s’effraie, voire parte en courant immédiatement vers quelque chose de plus léger. Une ablation de la langue en raison d’un cancer, ça ne fait pas rêver! Et pourtant… C’est loin d’être plombant. Et c’est abordé dune façon suffisamment originale pour susciter la curiosité et l’envie de ne pas lâcher l’affaire.
Le personnage principal, atteint d’une forme rare de cancer, était avocat. Etait car il a perdu son outil de travail , incapable de parler après l’intervention invalidante qu’il subit. Pour alléger le propos, c’est un curieux personnage, doué de parole, qui devient un interlocuteur irremplaçable : il orne la couverture de ses couleurs vives et de ses plumes : c’est un perroquet dont le lexique fleuri amuse ou choque, c’est selon.
Rien n’est épargné au lecteur : la souffrance, morale et physique, les conséquences financières dramatiques pour une famille qui n’était auparavant pas à plaindre, tout cela n’est pas occulté. Mais l’auteur évite le pathos, en mettant en scène sans apitoiement les errements des bonnes intentions familiales et des motivations inavouables du cancérologue.
La reconstitution généalogique du cheminement du gène défectueux à travers les âges et les peuples est très réussie, exacte scientifiquement et traitée avec un décalage saisissant.
Une très belle découverte, pour un premier roman brillant.
Comment autant de variétés esthétiques pouvaient-elle exister dans les mer? Les biologistes estimaient que c'était le fait de la sélection naturelle, une force lente et aléatoire qui remodelait peu à peu la silhouette de tous les animaux, et changeait des dinosaures monstrueux en poulet sans défense. Chaque poulet rôti était un triste rappel des vicissitudes de la vie.
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Au cours d'une minute sans intérêt, dans la matinée, pendant qu'il ou elle allait au puits ou en revenait, pendant qu'il ou elle priait, cuisinait ou tissait, une de ses cellules germinales avait commencé à se diviser régulièrement. Toute la journée, elle avait copié ses instructions ces Tables de la loi, sa Torah des gènes, mais une erreur s'y était glissé aussi, grave que si le scribe de la Bible avait oublié la négation figurant au chapitre 20 verset 13 de l'Exode, de sorte que le commandement sacré aurait stipulé : « Tu tueras ».
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Comment une tumeur infantile aussi agressive est est-elle apparu dans la langue d'un homme adulte? c'était aussi aberrant que de découvrir des rythmes de mariachis une partition de Bach.
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L'œil, la main, le pénis, et même le pancréas ont une identité très marquée, mais la langue est un organe excentrique et versatile ; la langue est une artiste, un vicaire du goût, une gourmande, une gueularde loquace.
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Le fils de Dieu aurait-il pu avoir le cancer ? Les chromosomes de son père comportaient sans doute d'infaillibles suppresseurs de tumeur – les gène P53 NF1, BRCA1 et BRCA2x. S'il a vécu à notre époque, il aurait donc été libre de manger des saucisses, de fumer, de faire des UV et de manipuler des déchets radioactifs sans craindre les néoplasies associé à ces facteurs de risques. Si il ne s'était pas attiré autant d'ennemis, il aurait joué d'une jouer une santé à toute épreuve.
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