- Broché: 288 pages
- Editeur : Julliard (29 août 2019)
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Surfant sur la vague du « #Metoo », ce roman explore avec finesse et profondeur l’omerta qui entoure les agressions sexuelles.
Si le viol et ses circonstances sont hélas tristement banals, une jeune femme et un prédateur, celui-ci agissant avec l’impunité que son statut social particulièrement privilégié (un Nobel de la Paix!) lui octroie, sa proie ne tire de sa situation familiale elle aussi exposée aux commentaires publics, qu’une entrave de plus.
C’est ce que met en lumière le roman : la souffrance de la victime, qui ne pourrait s’atténuer que par une reconnaissance, est au contraire niée, sacrifiée sur l’hôtel de la bienséance , et rien ne doit éclabousser l’entourage. Certes il s’agit de la protéger, et on constate lorsqu’elle sort partiellement de ce silence emmurant, les dégâts collatéraux et le cauchemar d’une blessure réouverte.
Le constat est clair : il est impossible ni de garder le secret, ni de le conserver. C’est toute sa vie affective qui pâtit de l’impasse au fond de laquelle elle est terrée.
L’auteure va plus loin et suggère que l’histoire même du viol était inscrite de tout temps, et cela en raison des contraintes que suscite la notoriété, qui fait des célébrités des cibles pour la meute hurlante qui n’a rien d’autre à faire que de se saisir de faits divers vaguement inconvenants, et surtout amplifiés par la bêtise et le pouvoir délétère des réseaux sociaux, puisqu’il est impossible d’en faire abstraction.
Une histoire malheureusement ordinaire, dans le contexte particulier d’une victime médiatique, celui ne simplifie pas les choses pour se reconstruire. Le savoir-faire et la culture de l’écrivain transparaissent à travers ces pages, et peut-être aussi l’expérience de n’être pas anonyme parmi les anonymes.
Ma famille est une ville, Fouad est une ville, le Nobel est une ville, et je suis le désert sur lequel ils ont construit leurs colonies. Puis, à mon tour, je suis devenue une ville emmurés. Mes murailles protégeant un secret qui n'est ni moi, ni mon cœur, ni mon joujou, qui est mon contraire, mon creux, ma faille, et néanmoins mon statut. Cette architecture-là, Fouad en a l'intuition, mais au lieu de la défaire par des lois différentes, il s'ingénie à l' étayer, ce qu'il prend pour des fondations.
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Moi, la fille du plus grand chanteur français, artiste engagé, et image de la France, j'ai été programmée pour ne pas faire de scandale.
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ci ou là, les femmes commencèrent à révéler les agressions dont elles avaient été les victimes. C'était au début un bruissement, amplifié par la toile, puis devenu un raz de marée.
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