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Civilizations

Laurent Binet









  • Broché : 384 pages
  • Editeur : Grasset; Édition : 01 (14 août 2019)
  • Collection : Littérature Française
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français







L’idée de départ était originale, et inventive : l’exploration des océans par les portugais et espagnols au 15è siècle, à la recherche des Indes, se serait soldé par un échec cuisant et un revers de médaille inattendu, puisque l’invasion ratée des territoires outre-atlantique aboutit à l’invasion réussie des territoires de ce qui n’était pas encore l’Europe par les Incas. Ce qui change la donne! Il faut bien sûr une série d’événements de hasard (l’abord de la capitale portugaise alors qu’une terrible tremblement de terre a déstabilisé le peuple et ses dirigeants , la complicité des hérétiques chassées par l’inquisition..). Peu à peu, l’identité religieuse de nos contrées se modifie, non sans grincement de dents, grâce à l’apport du culte des conquérants, à savoir le Soleil.


On a bien envie d’en savoir plus, après s’être un peu ennuyé sur la partie invasion des Vikings, et beaucoup sur les aventures de Christophe Colomb. Et c’est là que réside la déception : le récit s’attache davantage aux compte-rendus de batailles, et à l’avancée des troupes, avec bilans des pertes en hommes et en biens, qu’aux conséquences tangibles sur la vie des peuples. Certes sont évoqués l’évolution des moeurs en insistant sur la polygamie, mais c’est une dystopie dans laquelle on se borne à mettre en place les faits sans se pencher sur le résultat. Et l’on aurait bien aimé savoir ce que devient cette civilisation alternative 500 ans plus tard.

Cela rend la lecture peu attractive, sauf si l’on est amateur de faits historiques, et le roman passe à côté de son but. 

Cela ressemble un peu en effet au jeu de stratégie qui donne son titre au roman, sans le compte des points, mais bien avec juste une évocation des performances des adversaires. 



Déception. Idée à reprendre?



Ils étaient obsédés par la question de l'endroit où ils iraient après leur mort, et du meilleur moyen d'être sauvés,  c'est-à-dire d'aller au ciel rejoindre leur dieu cloué (qui pourtant devait revenir sur terre à une date indéterminée, si bien que Chalco Chimac 
pensait  qu'ils risquaient de se croiser) et non sous la terre où l'on brûler les morts indéfiniment, souvent dans un endroit transitoire d'où l'on pouvait sortir au bout d'un certain temps, mais sûrement pas en rachetant son séjour, de son vivant, avec des florins.

*

Toujours le jeune souverain trouvait, sinon un but qui les ferait s'oublier eux-mêmes, une destination, une direction, une impulsion qui fédérait ses troupes et leur donnait l'élan et la force, si bien que jamais ce voyage impossible, inconcevable, qui les avait mené d'abord aux portes de Cuzco pour mieux les en éloigner ensuite, leur faisant tâter le nombril du monde avant de les envoyer jusque dans ses confins , n'avait complètement basculé dans l'errance pure, ou du moins le groupe des Quiténiens n'en eut jamais réellement conscience sans quoi il ne fait guère de doute qu'ils eussent échoué, l'un après l'autre, sur les rivages de la folie.










Laurent Binet est un écrivain français, né en 1972.

Il est agrégé de lettres modernes.
Auteur, entre autre, de HHhH, et de La septième fonction du langage.

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