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Une page d'amour

Emile Zola









  • Poche : 408 pages
  • Editeur : Le Livre de Poche; 
  • Collection : Classiques
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français








Huitième opus des Rougon-Macquart, Une Page d’amour ne fait pas partie des plus connus de la série; Il n’est cependant pas dénué d’intérêt.

A travers les personnage d’Hélène, la fille d’Ursule Macquart et du chapelier Mouret, et de Jeanne sa fille, Zola  analyse les mécanismes de la passion. 

Hélène est seule à Paris avec sa fille, après la mort de  Grandjean son époux . La jeune femme a peu de contacts, se limitant à recevoir un prêtre et son frère, épris de la jeune femme. Elle se consacre à l’éducation de la petite Jeanne, une gamine fragile, et exclusive. Lors d’une « crise « de la petite, Hélène rencontre le docteur Delberre : c’est le début d’une passion amoureuse douloureuse, qui torture  la jeune femme. 

Jeanne occupe une place centrale dans cette histoire. C’est elle qui illustre dans les romans la thèse de l’hérédité familiale, puisqu’elle tient de ses grand-mères la faiblesse physique et la fragilité psychique. Elle exerce par ailleurs un ascendant moral sur sa mère, dont elle devine les états d’âme à la manière d’un médium et les traduit en symptômes. La psychanalyse n’a pas encore révélé ses théories. Charcot a décrit l’hystérie de conversion. Zola se fait uniquement descriptif. 

Le roman témoigne aussi de cette époque où le médecin ne disposait que de son sens de l’observation pour établir un diagnostic, dont le seul intérêt était la performance intellectuelle, puisqu’aucun arsenal thérapeutique ne pouvait détourner le cours de la maladie. Pourtant Jeanne a la chance de survivre à l’une de ses crises grâce à l’application de sangsues…
La phtisie dont elle souffre est intéressante dans ce contexte, puisque les débats faisaient rage autour de l’origine , contagieuse ou héréditaire,  du mal.

Les descriptions inévitables ont pour objet Paris, vu de la fenêtre de l’appartement d’Hélène, avec ses ciels qui créent des ambiances variées, très souvent en harmonie avec l’humeur d’Hélène ou de Jeanne. 


Encore une bien agréable lecture.



Hélène, depuis huit jours, avec cette distraction du Grand Paris élargi devant elle. Jamais elle ne s' en lassait. Il était insondable et changeant comme un océan, candide le matin et incendié le soir, prenant les joies et les tristesses des yeux qu'il reflétait. Un coup de soleil lui faisait rouler des flots d'or, un nuage l'assombrissait et soulevait en lui des tempêtes. Toujours il se renouvelait : c'était des calmes plats, couleur orange, des coups de vent qui d'une heure à l'autre plombaient l'étendue, des temps vifs et clairs allumant une lueur à la crête de chaque toiture, des averses noyant le ciel et la terre, effaçant l'horizon dans la débâcle d'un chaos. 

*

La veilleuse, dans un cornet bleuâtre, brûlait sur la cheminée, derrière un livre, dont l'ombre noyait toute une moitié de la chambre. C'était une calme  lueur qui coupait le guéridon et la chaise longue, baignait les gros plis des rideaux de velours, azurait la glace de l'armoire de palissandre, placée entre les deux fenêtres.






2 commentaires:

  1. Salut ! Paris est effectivement très présent dans ce roman, au fil des saisons, mais seulement comme un paysage qu'elle contemple de sa fenêtre, alors que dans les autres romans on est réellement dans Paris, dans ses ruelles du temps du mur de l'octroi (L'Assommoir) ou des grandes trouées (La Curée, Au Bonheur des Dames). C'est tout de même, toujours, très impressionnant !

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  2. C'est toujours un régal, cette ambiance naturaliste

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