- Broché
- Editeur : Publishroom (25 octobre 2019)
Ce recueil de nouvelles que l’auteur a eu la gentillesse de me proposer correspond à ce que j’attends ce cette forme littéraire, à savoir des histoires courtes mais suffisamment cadrées pour être embarquée dans leur décor, avec une chute qui vous cueille comme on se réveille en sursaut en plein rêve.
Cela commence fort avec l’histoire d’une enfant maltraitée, puis un deuil et ses contingences incontournables, alors on respire avec cette jeune femme qui caresse son ventre lourd d’une promesse à venir, mais attendons la fin! Puis c’est la pugnacité d’une femme esseulée qui ne veut laisser l’amour entrevu se dissoudre dans un quotidien morne, ou les illusions d’une groupie du pianiste …
Dans l’ensemble , ce sont donc des situations dramatiques, des événements trop lourds pour les épaules des personnages qu’ils touchent. Et c’est aussi l’avantage de la forme courte que de permettre une respiration rapide pour mieux replonger dans l’histoire suivante.
C’st donc très réussi et je remercie encore Lydie Masere pour sa confiance.
Quand ma mère n’était pas une louve affamée, elle était une fleur sauvage, fascinante et carnivore, plantée dans ce milieu hostile, sans racines au bout de sa tige. Elle était une tache de couleur qui collait à ma rétine. Elle était mon centre de gravité, mon gouvernail, ma famille.
Ma mère avait eu une vie avant la mienne, une vie de belle plante, avant que ma vie ne lui eût volé la sienne. Une existence que je ne connaissais pas, un tabou verrouillé. Un jardin d’Eden où, sous un ciel d’un bleu dur et sans nuage, elle s’était épanouie, croissance magique.
*
Une respiration après l’autre, l’osmose se fait. Sous sa main, son ventre se tend. Le petit fait le dos rond, comme un chat qu’on réveille. Encore quelques semaines et il sera là à suçoter le sein de Suzie. Un peu plus grand, il gazouillera, un peu plus grand encore, il jouera à la balançoire et Suzie le poussera si d’ici-là, mon Dieu, on a remplacé les cordes usées.
*
Le coléoptère était sorti de l’ombre pour rejoindre un point de lumière, puis, à nouveau, se glisser à l’abri d’une feuille et revenir au jour encore. Vite, il avait déplié ses élytres et laissé voir ses ailes fines et nervurées. Marguerite avait observé le manège et le hanneton ne s’était pas envolé quand elle s’était redressée et avait épousseté sa jupe mais il avait traîné, affolé, son corps lourd comme un plomb de pêche sous une pierre. Son abri de fortune ne l’avait pas protégé longtemps. Marguerite s’était saisie de la caillasse et, d’un coup sec du talon, avait écrasé la bête. C’était à ce moment-là que les cloches s’étaient mises à sonner à toute volée au village. Le cœur de Marguerite s’était arrêté de battre.
Lydie Masere vit dans le Sud. Etoiles et captera est son premier recueil .
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