- Poche : 480 pages
- Editeur : Gallimard (3 mai 1991)
- Collection : L'Imaginaire
- Existe en version numérique
Vialatte, c’est la magie de l’adolescence, plus près de Meaulnes et de ses rêveries romantiques que des gamins déjà accro aux paradis superficiels et l’appât des biens illusoires.
C’est un monde de doux dingues, qui trouvent leur bonheur au sein de sociétés secrètes nourries de mythologie et de fantasmes. Les décors prennent vie et se dressent parés d’une histoire digne de contes et légendes d’un univers imaginaire.
Mais même dans un conte de fées, il arrive que la réalité rattrape et dépasse la fiction, brouillant les pistes à un point que ni le héros ni le lecteur ne parvienne à faire la part de choses. Et c’est un double meurtre qui vient semer le doute au coeur d’une histoire d’amour.
Les personnages multiples, réels mais avec une grande part de romanesque, se mêlent à d’autres, plus énigmatiques , dont le fameux Mr Padano, qui occupera tout un chapitre consacré à son ubiquité
Vilalatte c’est aussi la mélodie d’une prose envoutante, , parfois pléthotrique, mais toujours magique.
Alors, lorsque le doute survient, se laisser porter par les phrases et ce qu’elles cachent, pour un moment d’onirisme unique .
Le destin passe dans nos vies avec des semelles de feutre. Il se cache en ne se masquant pas. Ce qui empêche de l'identifier, ce sont ces gestes si quotidiens, cette absence de mystère et de cérémonie.
on ne le reconnait qu'une fois passé. Il faut donc excuser les enfants rogneuses qui s'attendent à le voie venir entouré de foudres et d'éclairs, de ne pas sentir quand il arrive , quand sa main saisit leur poignet sous leur pèlerine de collégien, d'un geste qui laissera des traces.
*
Cette scène frappait surtout Fred par une espèce de majesté, de solennité quasi religieuse. La paix de la nuit, les étoiles, l'aspect shakespearien de la montagne, la vue de ces deux grands vieillards juchés comme des acrobates sur cette passerelle vertigineuse, portant une lampe de statue symbolique, l'harmonie des papiers qui flottaient da l'espace et qui semblaient tisser des courbes, tout faisait songer à quelque monde plus haut que la vie.
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Car M. Vingtrinier ne faisait rien. Il est difficile faire moins que ne faisait M. Vingtrinier, si l'on ne convient pas d'appeler faire quelque chose se réciter du Hérédia en face de son miroir à barbe, regarder sa chaussette percée, tuer des mouches par vingt-trois dans l'arche des David, ou compter les bons-primes d'une veuve gémissante. M. Vingtrinier ne faisait donc rien, mais ce rien, il le faisait à l'heure, son oisiveté ne lui laissait aucun loisir ; elle le poursuivait de devoirs impérieux, elle le harcelai sans trêves. C'était le bagnard de l'inaction, le persécuté de la paresse, le damné du désoeuvrement. Sa journée était un néant, mais il n'y eu jamais de néant si distribué, si ramifié, si réparti, et si souvent chronométré.
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Fred se jeta sur son lit de camp, tué de fatigue, et tomba dans le royaume obscur où s'agitent et se métamorphosent les déchets des hommes.
Alexandre Vialatte, né le 22 avril 1901 à Magnac-Laval (Haute-Vienne) et mort le 3 mai 1971 à Paris, est un écrivain français.
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