- Broché : 416 pages
- Editeur : JC Lattès (26 février 2020)
- Collection : Littérature étrangère
L’histoire de Mr Swift est édifiante. On ne peut que le détester, ce personnage abject. Plus il est vil et vénal, plus on le déteste et plus adore le détester!
Tout débute en Allemagne, alors que Maurice Swift, un jeune homme ambitieux qui rêve de devenir écrivain mais manque d’inspiration , rencontre Erich Ackermann. La beauté de Maurice incite Erich aux confidences : peu importe les conséquences, mais Maurice tient enfin un sujet.
Et c’est sur ce modèle que Maurice poursuivra sa carrière, glorieuse, mais gangrenée par les méthodes utilisées. rien n’arrête l’auteur à succès pour arriver à ses fins.
C’est une véritable réflexion sur le métier d’écrivain, qui jongle entre les pannes d’inspiration, la course aux prix littéraires et les injonctions des éditeurs. Pour notre « héros », pas trop de problème, tant il maitrise l’art de la manipulation, à l’égard de l’ensemble de ses relations qu’elles soient intimes ou professionnelles.
Il agit avec un tel aplomb qu’on en reste sidéré. La beauté du diable, et on pense bien sûr à Faust, dans cette recherche de la gloire tout prix, y compris celui de la vente de son âme.
Un roman noir , certes, mais non dépourvu d’humour. superbement écrit, difficile à lâcher, d’autant que l’auteur maintient la pression et les surprises jusqu’à la fin.
Une belle réussite, et une oeuvre de plus à explorer.
Dès l’instant où j’acceptai l’invitation, j’éprouvai de la nervosité à l’idée de retourner en Allemagne. Tant d’années s’étaient écoulées depuis la dernière fois que j’y étais allé qu’il était difficile de savoir quels souvenirs seraient peut-être réveillés par ce voyage.
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lorsque j’étais présenté à des personnes inconnues, les parents de mes étudiants, par exemple, ou un mécène venu en visite, on faisait souvent remarquer que j’étais « aussi romancier », cet ajout étant pour moi à la fois déconcertant et gênant. Bien entendu, j’espérais avoir une once de talent et trouver un jour prochain un public plus large, mais quand venait l’inévitable question : J’ai certainement lu un de vos livres, non ? ma réaction était toujours Probablement pas. Ces gens me demandaient souvent le titre de tel ou tel de mes romans, et je répondais, prêt à supporter l’humiliation à la vue de leur visage inexpressif tandis que je les énonçais dans l’ordre chronologique.
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J’ai perdu la notion du temps depuis mon arrivée ici. Cette notion n’a plus aucun sens quand on se retrouve prisonnier dans son coma. Cela fait plus de quelques semaines, j’en suis certaine. Peut-être un mois ou deux ? Je ne souffre pas, ce qui est bien, mais je ne perçois pas non plus une absence de douleur. J’ai une conscience mais pas de corps, ni de mouvement ni d’expression. Je suis une anthologie de pensées et de souvenirs emprisonnée dans une coque immobile. Je vois tout autour de moi et pourtant, mes yeux refusent de s’ouvrir. J’entends les sons mais je ne peux pas me faire entendre. Je suis seule tout en étant souvent entourée de gens.
John Boyne est né à Dublin, où il a toujours vécu. Il a étudié au Trinity College et à l'université de Norwich. Il a commencé à écrire à l'âge de 20 ans: il est l'auteur de 7 romans ainsi que de plusieurs nouvelles et articles, pour lesquels il a déjà reçu deux prix littéraires irlandais.
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